Note de la rédaction : Une première version de cet article a été publié en juillet 2023. Nous l’avons mis à jour en janvier 2024 avec de nouvelles rumeurs.
C’est peu dire que la Switch est un énorme succès pour Nintendo. Lancée en 2017, la console hybride et ses différentes versions se sont hissées dans le top 3 des consoles les plus vendues de tous les temps avec plus de 130 millions d’unités. Seule la PlayStation 2 a fait mieux avec 155 millions d’exemplaires écoulés, tandis que Nintendo s’arroge aussi la deuxième place du classement avec la petite console portable DS (154 millions).
Avec son format hybride unique (on peut y jouer aussi bien en mobilité que sur la grande télé du salon), la Switch a aussi permis au constructeur japonais de concentrer ses efforts sur une seule et même plateforme, alors qu’il devait jusqu’à présent jongler entre une gamme de consoles de salon (GameCube, Wii, Wii U…) et des modèles portables (Game Boy, DS, 3DS…). L’ensemble des ressources de Nintendo sont utilisées pour le développement de jeux de qualité (la plupart du temps !) basés sur des franchises incroyablement populaires : Smash, Pokémon, Mario évidemment, Zelda…
Cette créativité débridée a pallié pendant longtemps les limites techniques de la petite tablette. Il suffit de jouer quelques minutes à Tears of the Kingdom, le dernier opus de la saga Zelda, pour apprécier les capacités graphiques étonnantes de l’appareil, encore aujourd’hui. Les développeurs et les ingénieurs de Nintendo ont un talent inné pour tirer le meilleur parti des possibilités techniques limitées de la Switch, dont la fiche technique rapproche la console d’un smartphone d’il y a 8 ans !
Mais voilà, pour un Zelda somptueux, combien de jeux qui tirent la langue ? Car les coutures commencent à se voir. Les derniers titres Pokémon font peine à voir, aussi bien graphiquement qu’au niveau des performances. Malgré toute la bonne volonté de leurs développeurs, les portages Switch de grandes licences comme Doom Eternal, FIFA ou The Witcher 3 font pâle figure par rapport aux versions pour les consoles « modernes ».
Il y a aussi tous ces grands jeux récents que les joueurs Switch ne verront pas de si tôt : Street Fighter 6 et Diablo 4 sont par exemple aux abonnés absents malgré l’immense base d’utilisateurs de la plateforme, qui sont autant de clients perdus pour Capcom et Blizzard. Ces derniers préfèrent passer leur tour plutôt de sacrifier la qualité (et la réputation) de leurs licences phares.
Pour éviter les portages trop complexes de leurs jeux sur la Switch, certains éditeurs ont fait un compromis, celui du cloud gaming : cela permet certes de jouer à Resident Evil Village ou Guardians of the Galaxy sur la console de Nintendo, mais il faut que les conditions soient optimales pour réellement en profiter (il est nécessaire d’avoir accès à un bon réseau Wi-Fi).
Alors que la Switch va entrer dans sa septième année d’existence, les signaux de fumée qui annoncent une successeure sont de plus en plus nombreux. Et puisqu’il n’y a pas de fumée sans feu, il est grand temps de faire le point sur ce qui va (probablement) attendre les joueurs avec cette future console !
Qu’est-ce qui nous fait dire que Nintendo prépare activement le lancement de sa future console ?
Ces derniers mois, plusieurs pièces du puzzle ont fait leur apparition et laissent penser que Nintendo prépare effectivement quelque chose. La très sérieuse publication japonaise Nikkei a avancé en début d’année dernière que l’entreprise avait commencé à négocier avec des fournisseurs dans la perspective du démarrage de la production de la nouvelle console.
Toujours sur le plan matériel, Hongzhun (un fabricant chinois de châssis métalliques) s’attendrait à une accélération de son activité durant le deuxième semestre 2023. Nintendo ferait appel à ses services pour la future Switch dont la production aurait donc débuté, croit savoir MoneyDJ. Le site web chinois a une certaine crédibilité en la matière, il avait été le premier à parler de la production de la NX (la future Switch) en mars 2016.
D’après une rumeur elle aussi assez crédible, le constructeur aurait envoyé des kits de développement à plusieurs éditeurs pour qu’ils puissent optimiser leurs jeux pour la future console. En l’occurrence, il s’agirait de MercurySteam, le studio espagnol créateur de Metroid Dread (qui n’a bien sûr rien confirmé).
Durant le procès ayant opposé la FTC à Microsoft dans le cadre de l’acquisition d’Activision, un document fait également référence au portage de Call of Duty sur « un modèle de Switch en développement ». Le constructeur de la Xbox s’est engagé à porter le FPS d’Activision sur la plateforme de Nintendo pendant dix ans, et ce sera probablement plus facile sur une console plus puissante.
Quand sortira la nouvelle console de Nintendo ?
Dans cet océan de rumeurs, il y a au moins un îlot de certitude : la future console de Nintendo ne sera pas lancée avant ce printemps. Shuntaro Furukawa, le président du groupe, l’a clairement énoncé durant les derniers résultats financiers au mois de mai, l’entreprise n’a pas l’intention de commercialiser de nouvelle console (ou une mise à jour matérielle de l’actuelle) durant l’année fiscale en cours, qui chez Nintendo se terminera le 31 mars 2024.
Aucune nouveauté ne devrait donc apparaitre dans les rayons avant avril prochain donc, mais cette déclaration n’empêchera pas Nintendo de faire monter la sauce dans les prochaines semaines, en levant petit à petit le voile sur la successeure de la Switch. La génération actuelle avait été dévoilée en octobre 2016 avec une commercialisation en mars de l’année suivante. À l’époque, le constructeur ne craignait pas de perdre des ventes durant la période cruciale de Noël : personne n’allait glisser de Wii U sous le sapin, cette console ayant fait un four monumental.
La situation est évidemment très différente aujourd’hui. La Switch se vend toujours très bien malgré son âge (6,84 millions d’unités au premier semestre 2023). Et Nintendo peut compter sur ses franchises star pour maintenir le « momentum » des ventes, comme Super Mario Bros. Wonder en fin d’année.
Puisque la Switch est toujours en bonne forme, pourquoi précipiter la venue d’une remplaçante ? C’est que de l’aveu même de Shuntaro Furukawa, « maintenir la dynamique des ventes de la Switch sera difficile pour sa septième année ». L’objectif de Nintendo pour son année fiscale 2023/2024 est d’écouler 15 millions d’unités. Lors de l’exercice précédent, le constructeur avait vendu 18 millions de Switch, ce qui représentait déjà un recul de 22 % d’une année sur l’autre.
Du point de vue purement comptable et pour le bien-être des actionnaires, il est donc urgent de relancer la machine des ventes avec quelque chose de neuf et d’excitant au catalogue. Ce qui n’empêchera pas Nintendo de conserver la Switch actuelle (sans doute la version OLED) à son catalogue pendant encore quelques années, en tant que modèle d’entrée de gamme…
Alors quand ? Une rumeur (bidon) annonçait la Switch 2 pour septembre, Nintendo continue de jouer son rôle de maître des horloges. On imagine que la fin de l’année serait une parfaite fenêtre de tir, histoire de profiter à plein de la période des fêtes. Mais certains pensent que le constructeur pourrait attendre 2025 (!) pour ce nouveau modèle. Autant dire qu’on n’a pas fini d’entendre parler de la Switch première du nom.
Quel nom pour la future console ?
Le nom d’un produit, ce n’est pas qu’un détail. C’est en fait essentiel : un mauvais nom peut être synonyme de génération sacrifiée ! L’exemple que Nintendo voudra absolument ne pas suivre, c’est celui de la Wii U, une console très différente du modèle précédent avec son gros GamePad doté d’un écran tactile. Non seulement le nom pouvait laisser penser qu’il s’agissait d’un accessoire de la Wii, mais surtout le marketing de Nintendo n’a rien fait pour dissiper la confusion.
La successeure de la Switch ne risque donc pas de s’appeler Switch U ! En revanche, il est probable que Nintendo veuille conserver le nom « Switch », par exemple Super Switch, Switch Pro ou tout simplement Switch 2. À moins bien sûr que Nintendo ait décidé de partir dans une toute autre direction en abandonnant l’idée d’une console hybride. Le constructeur pourrait remettre au goût du jour deux gammes de consoles (une portable et une de salon). Le vent de l’Histoire, et le carton monumental de la Switch, ne semble pas souffler dans ce sens.
Que pourrait-on trouver à l’intérieur de la Switch 2 ?
La génération actuelle de la Switch a connu trois déclinaisons : la Switch originelle de 2017, la Switch Lite dévoilée deux ans plus tard, et la Switch OLED en octobre 2021. Ces trois consoles fonctionnent avec un système-sur-puce Tegra X1 lancé par Nvidia en 2015. Il a été modifié en 2019 (Tegra X1+), pas tellement pour apporter plus de puissance mais pour mettre fin à une faille de sécurité qui facilitait le jailbreak de la console.
La puce compte 8 cœurs (4 cœurs Cortex-A57 et 4 cœurs Cortex-A53 pas de première jeunesse) cadencés à 1 GHz. La Switch n’exploiterait en réalité que les 4 cœurs Cortex-A57 les plus rapides, dont un réservé au système d’exploitation. Le processeur est secondé par un circuit graphique Maxwell à 256 cœurs qui peut monter jusqu’à 768 MHz lorsque la console est placée sur son dock. Cela confère à la Switch une puissance de 0,4 teraflop en mode TV, et de 0,2 teraflop en mode portable. Très loin des 10 à 12 teraflops développés par la Xbox Series X et la PS5 !
Pour rappel, il s’agit d’une mesure de performance qui indique le nombre d’opérations en virgule flottante (FLOPs, pour Floating Point Operations) du processeur graphique. Un teraflop correspond à mille milliards de FLOPs par seconde. Plus le nombre de teraflops est élevé, plus le système est capable de traiter rapidement un grand nombre de calculs complexes.
Il faut toutefois garder à l’esprit que la Switch est aussi une console mobile, et donc soumise à une gestion de l’énergie autrement plus contraignante que pour des consoles de salon qui, par définition, sont toujours branchées sur le courant. Mieux vaut éviter de vider la batterie (d’une puissance de 16 Wh) en quelques minutes ! Si Nintendo veut lancer une console qui reprend le même concept hybride que la Switch, ce ratio performances/watts devra nécessairement être pris en compte, alors que c’est moins une préoccupation pour les deux autres constructeurs.
Pour donner un ordre d’idées de l’efficience énergétique des différentes consoles, la consommation annuelle d’une Switch OLED est de 6 à 21 kWh en moyenne, contre environ 134 kWh pour une PS5 et 225 kWh pour la Xbox Series X. Ces chiffres sont ceux donnés par les constructeurs selon les conditions édictées par Efficient Gaming. Ils ne sont pas inutiles à connaitre dans le contexte actuel de sobriété énergétique et de factures d’électricité qui explosent !
Par conséquent, il est donc plus que probable que Nintendo fasse de nouveau appel à un moteur adapté au jeu en mobilité. Depuis quelques années, la rumeur annonce que le constructeur ferait de nouveau confiance à Nvidia pour fournir la puce de la future console. En l’occurrence, il s’agirait d’un système-sur-puce Tegra 239 doté d’un processeur à 8 cœurs (probablement des Cortex-A78C) et un GPU GA10F dérivé de la plateforme Orin de Nvidia.
Dans la pratique, ce nouveau CPU se montrerait environ 6 fois plus puissant que le Tegra X1 actuel, tandis que le circuit graphique développerait entre 3,5 et 4,5 teraflops lorsque la console sera dans son dock, et de 1,2 à 2 TFLOPS en mode mobile. En mobilité, cette « Switch 2 » afficherait donc une puissance similaire, voire supérieure au Steam Deck (1,6 teraflops) et à la PS4 (1,8 teraflops). Une fois sur son dock, la console développerait une puissance équivalente à celle d’une PS4 Pro ! De quoi rehausser la qualité graphique de la Switch qui peine aujourd’hui à atteindre les 720p (mobile) et 1080p (TV) promis par Nintendo.
Nintendo pourrait aussi mettre à contribution le DLSS, une technologie Nvidia de rendu d’images qui utilise l’intelligence artificielle pour améliorer les graphismes, sans trop puiser dans les capacités du GPU. Le DLSS (pour Deep Learning Super Sampling) génère une image dans une définition moins élevée que celle en natif, puis utilise un réseau neuronal pour augmenter cette même définition. L’objectif est d’obtenir une image de bonne qualité, voire meilleure, qu’une image rendue à la définition cible mais dont le calcul nécessite moins de travail de la part du circuit graphique. Résultat : des performances graphiques satisfaisantes sans faire fondre le GPU ou la batterie ! Cette technique éprouvée est largement utilisée dans l’industrie du jeu vidéo PC.
Peu importe sa provenance ou les technologies utilisées, le futur SoC choisi par Nintendo devra probablement fournir un solide 1080p en mobile, et peut-être de la 4K dans son dock relié à la télé. Sans oublier du 60 images/seconde pour tous les jeux, une fréquence qui reste malheureusement l’exception aujourd’hui.
La future console embarquerait entre 12 et 16 Go de RAM LPDDR5/X, beaucoup plus rapide que la LPDDR4 de la Switch actuelle (qui se contente de 4 Go). L’écran serait de 8 pouces avec une définition de 1080p à 60 Hz : là encore, c’est plus et mieux que sur la Switch LCD (6,2 pouces, 720p) et la Switch OLED (7 pouces, 720p). On croise d’ailleurs les doigts pour que Nintendo abandonne définitivement le LCD pour ne plus proposer que de l’OLED. Pas de 120 Hz donc, mais ce n’est pas forcément un mal pour une console portable où la batterie doit être préservée.
Gros bond en avant également pour le stockage : le site prévoit de 256 à 512 Go, contre 32 à 64 Go sur les modèles d’aujourd’hui. Concernant le support des cartouches, c’est plus flou mais le site parle de la possibilité d’utiliser de la flash 3D-NAND pour en augmenter le stockage.
Est-ce qu’on pourra jouer aux jeux Switch sur la Switch 2 ?
Si Nintendo veut conserver la marque « Switch », on imagine mal le constructeur faire une croix sur ce qui fait la particularité de la console, à savoir son caractère hybride. Ce nouvel appareil devrait donc, en toute logique, permettre de jouer aussi bien en mobilité (dans le métro, au fond du lit, discrétos au bureau…) que chez soi, confortablement installé devant la télévision du salon.
C’est pourquoi le principe des Joy-Cons pourrait être repris pour cette nouvelle console, Nintendo serait même bien inspiré d’assurer la rétro-compatibilité de la Switch 2 avec les contrôleurs de la première génération. Ce qui n’empêcherait pas le constructeur de proposer une tablette avec un écran plus grand… quitte à ce que la hauteur des anciens Joy-Cons ne soit pas exactement identique à la console !
Espérons tout de même que Nintendo mette un terme définitif au « Joy-Con drift », ces mouvements fantômes qui frappent régulièrement les manettes de la console…
Toujours au chapitre de la rétro-compatibilité, beaucoup se demandent si la console à venir sera en mesure de prendre en charge les jeux actuels de la Switch. Après tout, il était possible de jouer aux titres de la Game Cube sur la Wii, et il en était de même entre les jeux Wii et Wii U. Le constructeur n’a rien dit sur le sujet, néanmoins il a à plusieurs reprises démontré qu’il voulait transformer la Switch en véritable « plateforme » pouvant accompagner les joueurs sur le long terme, et pas uniquement durant la carrière d’une console.
Et cela passera par le support du compte Nintendo. Il en existe 290 millions dans le monde, c’est une base utilisateurs d’une importance stratégique pour le constructeur. Interrogé sur la transition entre la Switch et la prochaine génération de console, Shuntaro Furukawa, le président de l’entreprise a assuré qu’il la voulait la plus transparente possible grâce aux comptes Nintendo. On comprend qu’il suffira de se connecter à la nouvelle machine avec l’identifiant et le mot de passe de son compte Nintendo afin d’y retrouver ses préférences et… ses jeux Switch ?
Cette déclaration ne confirme pas complètement qu’il sera possible de jouer aux jeux Switch sur cette nouvelle console. Mais cela n’en reste pas moins un indice supplémentaire de la volonté de Nintendo de ne pas se mettre à dos des dizaines de millions de joueurs ayant investi dans la plateforme pour se construire une bibliothèque de titres. Autre avantage de cette rétro-compatibilité avec la Switch : la future console débuterait sa carrière avec un catalogue tout à fait exceptionnel ! Les éditeurs pourraient ainsi se « contenter », si on peut dire, de fournir une mise à jour logicielle pour que leurs anciens jeux tirent profit des nouvelles capacités de la Switch 2.
Si tout cela repose sur des rumeurs, il faut rappeler qu’il ne s’agit que de cela : des bruits de couloir qui ne valent aucunement confirmation de ce que Nintendo a dans ses cartons. Peut-être que le constructeur voudra partir sur quelque chose de complètement différent, dans le plus pur style de Nintendo !
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