Dans les véhicules électriques, la Chine est en train d’imposer son avance technique aux autres marchés tout en connaissant la saturation sur le sien, ce qui oblige le gouvernement à prendre des mesures pour encadrer le marché.
Pendant que l’Europe analyse le mystère des tarifs très agressifs des constructeurs chinois qui met en péril les acteurs des marchés européens, même Elon Musk suggère qu’il faudrait plus de barrières à l’entrée pour éviter l’écrasement de l’industrie automobile électrique mondiale.
Mais une autre menace se prépare déjà : la domination à venir de la Chine également dans le jeune domaine des voitures autonomes. Historiquement, la Californie a fait figure de pionnière en la matière mais la Chine a multiplié les efforts et les initiatives pour rattraper son retard qui ne serait plus qu’à une ou deux années des acteurs occidentaux les plus avancés, selon les experts interrogés par le Financial Times.
Un immense marché test, des différences d’approche
Ils observent notamment que la Chine a démarré les travaux sur les véhicules autonomes cinq ans après les Etats-Unis mais compte déjà autant de kilomètres parcourus (70 millions) en mode autonome que les Etats-Unis.
Rien que dans l’agglomération de Wuhan, les robotaxis de Baidu ont réalisé autant de trajets que ceux de Waymo à Phoenix, San Francisco et Los Angeles réunis en 2023, rapporte la publication économique.
Au-delà de la question de l’immensité du marché chinois plus riche en opportunité se pose aussi celle de la définition de la conduite autonome et des réglementations imposées.
Là où les fournisseurs de services de taxis autonomes occidentaux sont scrutés et doivent faire face aux critiques, voire à l’arrêt du service, comme pour Cruise, pour les accidents causés, la surveillance se fait différemment en Chine où les incidents / accidents sont beaucoup moins détaillés.
De même, la conduite autonome chinoise repose sur au moins un superviseur humain distant prêt à intervenir à tout moment, quand la technologie de Waymo s’appuie sur une véritable conduite autonome; sans supervision humaine à bord ou à distance.
Un engagement volontariste sur la voie de l’autonomie
La Chine veut avancer avec précaution dans le domaine du véhicule autonome et ne laisse pas encore les voitures seules maîtresses à bord mais cela crée une différence qualitative par rapport à ce qui se fait en Californie.
Il n’empêche que l’industrie automobile chinoise compte passer à une étape supérieure de commercialisation à grande échelle à partir de 2027, en association avec de multiples technologies de communication, des réseaux 5G aux infrastructures V2X d’échanges d’informations entre véhicules et avec le réseau routier.
Si cela risque de renforcer encore les mécanismes de surveillance de masse de la population, le Financial Times note que le segment profite du soutien financier et réglementaire du gouvernement chinois mais aussi de l’intérêt de la population pour ces nouveaux services, créant un cadre qui pourrait finir par donner l’avantage à la voiture autonome chinoise.