L’administration Biden accentue sa lutte contre les dérives des logiciels espions. Lundi 5 février, le ministère des affaires étrangères américain a annoncé une nouvelle politique en matière d’attribution de visas pour les personnes « impliquées dans les abus liés aux logiciels espions commerciaux ».
Dans les faits, les autorités américaines vont se réserver le droit de demander – et donc de refuser – des visas à toute personne liée aux vendeurs de logiciels espions, dont les Etats-Unis estiment que les outils sont détournés et posent un problème en matière de droits de l’homme ou de sécurité nationale. Les représentants les plus connus de cette industrie et de ses dérives sont NSO Group, l’entreprise qui commercialise le logiciel Pegasus, ou Cytrox, créateur de Predator.
Cette mesure pourra concerner à la fois les utilisateurs de ce type de logiciel au sein des gouvernements qui les ont achetés, mais aussi, et surtout, ceux qui les développent, les commercialisent et les financent, ainsi que, précision de taille, leur famille proche. L’objectif de l’administration est à la fois de frapper au portefeuille les sociétés dont les logiciels sont détournés, rendant plus difficile encore l’accès au territoire américain et donc la conduite de leurs affaires, mais aussi de perturber la vie de leurs salariés et de leurs investisseurs, en compliquant – voire en interdisant – leur venue aux Etats-Unis.
Une « menace » pour les Etats-Unis
Les logiciels espions peuvent « faciliter la répression, restreindre la libre circulation de l’information et permettre des violations des droits de l’homme », mais aussi menacer « la vie privée et les libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association », explique le département d’Etat dans son communiqué. « Ce type de ciblage a été associé à des détentions arbitraires, des disparitions forcées et, dans les cas les plus graves, des exécutions extrajudiciaires. En outre, l’utilisation abusive de ces outils constitue une menace pour le personnel de l’Etat américain en matière de sécurité et de contre-espionnage », poursuit le document.
Le gouvernement américain n’a pas précisé si une liste de personnes sujettes à cette nouvelle politique avait déjà été établie. Il a cependant ajouté que cette nouvelle mesure s’appliquerait y compris aux ressortissants de pays qui disposent d’une exemption de visa, comme Israël (où est basé NSO Group), la Hongrie (d’où opère Cytrox) ou encore l’Irlande et la Grèce (domiciles d’Intellexa, autre société controversée du secteur).
Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.