Depuis des années, la Chine exporte massivement ses panneaux solaires au reste du monde avec l’argument de prix très bas sur lesquels la concurrence ne peut pas s’aligner.
Le pays profite également de la forte demande d’accroissement des moyens de production alternatifs d’électricité dans le contexte du renforcement de la production d’énergies renouvelables.
Sous la menace d’une dépendance quasi-totale, l’Europe a tenté de réagir en organisant sa propre filière de production de panneaux photovoltaïques mais l’effort est arrivé tardivement et ne parvient pas à renverser la tendance.
Prix intenables, stocks impossibles à écouler
Les producteurs européens sont en difficulté et ont appelé à l’aide la Commission européenne pour tenter d’obtenir des mesures de soutien mais aussi faire ouvrir une enquête contre les fabricants chinois pour jeu déloyal de la concurrence.
Comme dans d’autres secteurs tels que celui des voitures électriques, ils sont soupçonnés de bénéficier de lignes de crédit leur permettant de casser artificiellement les prix afin de broyer la concurrence et récupérer le marché à leur profit.
Le secteur doit également faire face à une crise de surproduction venue de Chine avec beaucoup de stock en attente et une sévère chute des prix. Face à tous ces obstacles, les entreprises européennes sont à bout de souffle et alertent sur un risque de fermeture de lignes de production.
Une véritable « menace existentielle » pèserait sur le secteur des panneaux solaires européens, fait valoir l’ESMC (European Solar Manufacturing Council) qui regroupe les acteurs, avec la menace de délocalisations ou de faillites.
Y aura-t-il encore une production européenne en 2030 ?
Cet appel de détresse intervient alors que la Commission européenne vient de fixer un nouvel objectif de réduction de 90% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040 qui passera par une accélération de la production d’énergie solaire.
Mais avec 150 millions de panneaux photovoltaïques dormant dans les entrepôts et les ports et des prix divisés par trois depuis 2022, impossible de tenir le choc, prévient l’ESMC, alors même que l’Europe ambitionne de produire localement 40% de ses besoins en panneaux solaires d’ici 2030, contre 3% actuellement.
Entre mesures de soutien financier pour racheter les stocks et pénalités douanières contre les fabricants chinois, la sortie de crise reste un chemin tortueux et beaucoup pourraient ne pas voir le bout du tunnel.