Reconquête !, le parti politique d’Eric Zemmour, a été condamné le 25 janvier 2024 par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) à une amende de 20 000 euros pour avoir enfreint le droit sur les données personnelles lors de l’élection présidentielle de 2022, selon les informations du Monde.
L’équipe du journaliste d’extrême droite avait mis sur pied, à l’automne 2021, une constellation de sites Internet pour préparer sa campagne. Beaucoup surfaient sur l’actualité du moment : l’un d’entre eux proposait ainsi de rejoindre une plainte contre un humoriste ayant fait une plaisanterie polémique.
En réalité, ces sites étaient conçus pour récupérer un maximum de données personnelles de sympathisants politiques ; une priorité logique pour un parti jeune sans base de militants constituée. Les personnes qui s’inscrivaient sur ces sites recevaient ensuite des messages de la campagne politique d’Eric Zemmour. Certains internautes s’en sont étonnés et avaient porté réclamation auprès de la CNIL.
« Défaut de transparence »
C’est bien cette myriade « de sites Web administrés par l’association » qui est à l’origine de l’amende prononcée par le gendarme des données personnelles, selon un message adressé par ce dernier à l’un des plaignants, et que Le Monde a pu consulter. « Les services de la CNIL sont intervenus auprès de l’association politique et une procédure de contrôle a été diligentée », précise le message.
Concrètement, la CNIL n’a pas directement reproché à Reconquête ! l’envoi de messages à des internautes qui ne l’avait pas demandé. Le gendarme des données personnelles a plutôt justifié son amende au parti politique par un « défaut de transparence, une absence de mentions d’information relatives à la protection des données et une absence de renvoi à une politique de confidentialité » sur ces sites de recueil de signatures. La CNIL a également sanctionné « une information incomplète dans la politique de confidentialité des sites Web concernés ». Contactée, la direction de Reconquête ! n’a pas répondu pour l’instant.
La campagne d’Eric Zemmour avait été mise en cause à plusieurs reprises lors de la campagne pour son utilisation des données personnelles. Deux associations – l’Union des étudiants juifs de France et J’accuse – avaient déposé plainte en avril 2022 auprès du parquet de Paris pour fichage illégal, après l’envoi par la campagne de M. Zemmour de messages à des Français de confession juive. Ces SMS contenaient un lien renvoyant vers un site de la campagne du journaliste d’extrême droite contenant un long texte, intitulé « Message d’Eric Zemmour aux Français de confession juive ». La CNIL avait également été destinataire de plusieurs plaintes de personnes concernées par ces sollicitations. L’autorité de protection des données était aussi intervenue auprès du candidat pour lui rappeler le cadre légal après une campagne d’envoi de messages vocaux automatisés.