TikTok est encore dans le collimateur des autorités américaines. La Chambre des représentants examine mercredi 13 mars un projet de loi qui prévoit l’interdiction de la plate-forme aux Etats-Unis, si le réseau social ne coupe pas les liens avec sa maison mère, ByteDance, et plus largement avec la Chine. Depuis plusieurs mois, de nombreux responsables estiment que la plate-forme de vidéos courtes permet à Pékin d’espionner et de manipuler ses 170 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis.
Avant le vote, la Chine a fait savoir qu’une interdiction « sapera[it] la confiance des investisseurs internationaux » et reviendrait pour la première puissance mondiale à « se tirer une balle dans le pied », selon un porte-parole de la diplomatie chinoise, fustigeant les « intimidations » à l’encontre de TikTok. « Les Etats-Unis n’ont jamais trouvé de preuves que TikTok menace leur sécurité nationale », a rappelé Wang Wenbin lors d’un point presse.
Le vote devrait avoir lieu à 10 heures (15 heures, heure à Paris) et le projet devrait être adopté à une écrasante majorité lors d’un rare moment d’entente entre les deux partis à couteaux tirés. En revanche, le sort du projet de loi est incertain au Sénat, où des personnalités de premier plan s’opposent à une mesure aussi radicale à l’encontre d’une application extrêmement populaire.
Le président, Joe Biden, signera, s’il arrive sur son bureau, ce texte connu officiellement sous le nom de « Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act » [loi sur la protection des Américains contre les applications contrôlées par des adversaires étrangers], a déclaré la Maison Blanche.
Risque pour la sécurité nationale
La mesure, qui a été adoptée à l’unanimité en commission la semaine dernière, obligerait ByteDance, la société mère de TikTok, à vendre l’application dans un délai de 180 jours, faute de quoi elle serait exclue des boutiques d’applications d’Apple et de Google aux Etats-Unis. Elle donnerait également au président le pouvoir de désigner d’autres applications comme une menace pour la sécurité nationale si elles sont contrôlées par un pays considéré comme hostile aux Etats-Unis.
Plusieurs Etats et le gouvernement fédéral ont interdit l’utilisation de l’application sur les appareils officiels du gouvernement, invoquant des risques pour la sécurité nationale. La reprise de l’offensive de Washington contre TikTok a surpris l’entreprise, selon le Wall Street Journal. Les dirigeants de TikTok avaient pourtant été rassurés par l’arrivée en février sur la plate-forme de Joe Biden dans le cadre de sa campagne pour un second mandat.
TikTok nie catégoriquement tout lien avec le gouvernement chinois et a restructuré l’entreprise de manière que les données des utilisateurs américains restent dans le pays. Le président-directeur général (PDG) de TikTok, Shou Zi Chew, se trouve à Washington, où il tente d’obtenir des soutiens pour bloquer le projet de loi.
Le républicain Mike Gallagher et le démocrate Raja Krishnamoorthi, tout comme la Maison Blanche, soutiennent que le projet de loi n’est pas une interdiction de TikTok, tant que l’entreprise coupe ses liens avec ByteDance. L’ancien président Donald Trump a opéré un revirement en affirmant lundi qu’il était opposé à une interdiction, principalement parce qu’elle renforcerait Meta, le propriétaire d’Instagram et de Facebook, qu’il a qualifié d’« ennemi du peuple ».