Après la guerre des tranchées, l’offensive éclair. Au bout de deux ans d’interminables tentatives pour interdire TikTok aux Etats-Unis, la Chambre des représentants s’est lancée dans une attaque extrêmement rapide qui a mené, mercredi 13 mars, à un vote qui pourrait conduire à l’expropriation de ByteDance, propriétaire de l’application. Le vote de la chambre est écrasant, par 352 voix contre 65.
Le projet de loi donne six mois à son propriétaire pour vendre l’application à un opérateur non chinois, faute de quoi celle-ci sera interdite de téléchargement sur l’App Store d’Apple et sur Google Play. L’affaire a été bouclée en huit jours, le projet de loi ayant été déposé le 5 mars par deux représentants, le républicain Mike Gallagher (Wisconsin) et le démocrate Raja Krishnamoorthi (Illinois). M. Gallagher s’est réjoui d’un vote qui « force Tiktok à rompre avec le parti communiste chinois » : « Il s’agit d’une mesure de bon sens pour protéger notre sécurité nationale. »
L’affaire a pris au dépourvu TikTok, qui pensait que l’offensive était contenue et a dénoncé une procédure « secrète ». Mais l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a relancé les attaques contre l’application utilisée par 170 millions d’Américains, en raison du déferlement de vidéos jugées propalestiniennes sur le réseau social. Le président Joe Biden a déclaré qu’il signerait la loi si elle arrivait à son bureau à la Maison Blanche.
« Voulons-nous que TikTok, en tant que plate-forme, appartienne à une entreprise américaine ou à la Chine ? Voulons-nous que les données de TikTok – les données des enfants, les données des adultes — restent ici en Amérique ou aillent en Chine ? Le président a une position claire sur cette question fondamentale », a précisé le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan.
Relents maccarthystes
Les Républicains ont défié les conseils du Donald Trump, qui s’était dit le 7 mars favorable au réseau social qu’il préfère à Facebook, dont il avait été banni provisoirement dans la foulée de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. « Si vous vous débarrassez de TikTok, Facebook et Zuckerschmuck [déformation du nom de Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook] doubleront leur activité. Je ne veux pas que Facebook, qui a triché lors des dernières élections [de 2020], fasse mieux. Ils sont de véritables ennemis du peuple ! »
Les élus sont pris d’un accès antichinois, comme l’a révélé l’audition aux relents maccarthystes du patron de Tiktok, Shou Zi Chew, le 23 mars 2023. Comme l’an dernier, l’égérie de la gauche radicale, la représentante de New York, Alexandria Ocasio-Cortez, avait fait part de son opposition avant le vote : « Je vote NON au projet de loi de vente forcée de TikTok. Ce projet de loi a été incroyablement précipité, de la Commission au vote en quatre jours, avec peu d’explications. Il y a ici de sérieuses questions en matière d’antitrust et de confidentialité, et toute préoccupation en matière de sécurité nationale devrait être exposée au public avant un vote. »
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