Les systèmes de vérification de l’âge devraient être du ressort des contrôleurs d’accès comme Apple, Google ou encore Microsoft, plaident plusieurs plateformes qui ne parviennent plus à respecter des législations impossibles à appliquer.
Pornhub a fermé ses portes au Texas. L’État américain très conservateur a mis en œuvre une loi obligeant les sites web pour adultes à intégrer des systèmes de vérification de l’âge pour éviter que des internautes mineurs aient accès à ce type de contenu. Plus facile à dire qu’à faire.
Les recherches sur les VPN explosent au Texas
Les méthodes proposées (preuve d’identité à soumettre au site, plateforme tierce de confiance) sont très difficiles à implémenter, ne serait-ce qu’au niveau de la confidentialité des données. C’est pourquoi, depuis cette semaine, Pornhub a fermé son site web aux internautes dont les adresses IP sont basées au Texas.
À la place, le site affiche un texte déplorant une loi « inefficace, aléatoire et dangereuse ». « En attendant qu’une véritable solution soit proposée, nous avons pris la décision difficile de désactiver complètement l’accès à notre site Web au Texas », poursuit le message. « Ce faisant, nous respectons la loi, comme nous le faisons toujours, mais nous espérons que les gouvernements du monde entier mettront en œuvre des lois qui protègent réellement la sûreté des utilisateurs ».
À quelque chose malheur est bon : sur Google Trends, les recherches en ligne sur le mot « VPN » ont explosé au Texas, a constaté CNN ! Les internautes trouvent immédiatement la parade lorsqu’ils n’ont pas accès à un site web. D’ici à ce que le Texas interdise les VPN, il n’y a qu’un pas, ce qui au passage rapprochera l’État américain de la Chine…
Au-delà de cette anecdote texane, Pornhub milite depuis plusieurs mois pour qu’un système de vérification soit développé non pas par les plateformes, mais par les constructeurs et éditeurs de systèmes d’exploitation. Le site appelle Apple, Google et Microsoft à développer un standard commun encadrant et sécurisant le stockage de l’âge de l’utilisateur sur le smartphone ou l’ordinateur ; les sites et services en ligne qui ont besoin de savoir si un internaute est majeur recevraient des appareils une simple réponse oui/non, sans plus de détails. Mais c’est suffisant pour valider l’accès ou la refuser.
L’appel de l’industrie
Pornhub n’est pas la seule plateforme à appeler de ses vœux un tel système. Meta plaide également en sa faveur, comme l’a fait Mark Zuckerberg en début d’année à l’occasion d’un témoignage devant le Congrès américain sur la protection des mineurs : « Nous sommes favorables à l’établissement de normes dans l’industrie sur le contenu adapté à l’âge et à la limitation des signaux publicitaires destinés aux adolescents en fonction de leur âge et de leur lieu, et non de leur comportement », a déclaré le fondateur de Facebook.
Un discours repris par le groupe Match, qui édite les applications de rencontres comme Tinder, Meetic ou encore OkCupid. Yoel Roth, ancien chef de la sécurité de Twitter qui a repris ce même rôle au sein de Match, a expliqué que l’intermédiaire le mieux placé dans l’écosystème était l’App Store qui « possède des informations sur la carte de paiement et des informations supplémentaires provenant de l’appareil ». Il indique que la boutique « a plus d’indications sur [l’âge de l’utilisateur] que ce qu’une application pourrait avoir ».
Cette problématique fait aussi débat en France, où la loi cherche à empêcher les mineurs d’accéder à des contenus pornographiques. Malheureusement, que ce soit au Texas ou en France, les méthodes envisagées ne semblent pas faire l’unanimité — à tel point que l’Australie a purement et simplement mis fin à son projet de vérification de l’âge.
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