Après Starlink pour Internet, une nouvelle constellation de satellites SpaceX doit voir le jour au profit de l’armée et d’un système d’espionnage spatial doté de centaines de satellites-espions. Désormais, le client a un nom, et il s’agit du National Reconnaissance Office (NRO).
En décembre 2023, depuis la base californienne de Vandenberg en Californie, une fusée Falcon 9 décollait pour le compte de la Défense sud-coréenne. Le premier satellite de reconnaissance du pays gagnait l’orbite basse, en réponse à l’envoi quelques jours avant d’un satellite-espion du même genre par Pyongyang et la Corée du Nord. Ce fut une nouvelle expérience, un pied dans le secteur militaire, par SpaceX. Un tir qui allait d’autant plus transformer l’Espace en un terrain stratégique pour les armées.
Ce n’était pourtant qu’un détail dans l’activité de la société d’Elon Musk avec ses contrats militaires. Depuis 2021, un projet de plus grosse ampleur est en préparation avec la Défense américaine, et plus précisément le National Reconnaissance Office (NRO), employé par Washington pour l’amélioration des systèmes de surveillance des États-Unis et « la capacité du gouvernement et de l’armée à repérer rapidement des cibles potentielles presque partout dans le monde », apprend-on de sources familières au projet interrogées par l’agence Reuters, qui révélait ces informations le 16 mars dernier.
C’est un contrat à 1,8 milliard de dollars que s’apprête à concrétiser SpaceX, pour le lancement de centaines de satellites-espion pour la création du « système spatial de renseignement, de surveillance et de reconnaissance le plus performant, le plus diversifié et le plus résilient que le monde ait jamais vu », a indiqué un porte-parole de l’agence NRO à Reuters. Une nouvelle constellation après celle de Starlink pour l’Internet par satellites, lancée par l’unité Starshield de SpaceX.
Une douzaine de satellites-espions Starshield déjà en orbite
Le rapport ne précise pas encore l’échéance de la mise en place de ce projet ni les entreprises qui en profiteront. On sait cependant que les satellites-espions seront principalement dotés de systèmes d’imagerie « de la Terre qui peuvent fonctionner en essaim sur des orbites basses ». Certains satellites de cette constellation auraient déjà été envoyés, car une base de données dans laquelle plusieurs satellites non reconnus montre des prototypes de ce nouveau réseau Starshield. Ils seraient une douzaine à avoir été lancés depuis 2020, ont confirmé trois sources.
Pour se vendre, SpaceX ne met pas seulement en avant la capacité d’imagerie de ses satellites. Pour devenir une vraie menace, ils doivent aussi se montrer résiliants, aux possibilités d’attaque étrangère. Selon le Pentagone, l’une des principales menaces tiendrait effectivement dans les plans de puissances étrangères comme la Russie à l’heure actuelle, pour neutraliser ces satellites. Sur l’orbite basse, de telles manoeuvres auraient des conséquences colossales, alors que le risque de collision à la chaîne à cause des débris.
En 2021, lorsque la Russie tirait un missile sol-espace en direction d’un ancien satellite, la Station spatiale internationale avait elle-même dû modifier sa trajectoire pour éviter une réaction à la chaîne. Avec l’arrivée de 5 500 satellites Starlink, de ces nouveaux satellites-espions et de la démocratisation de l’orbite basse en plus de son escalade militaire, les 300 à 600 kilomètres d’altitude autour de la Terre sont de plus en plus saturés. Et les risques démesurés.
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Source :
Reuters