A la suite de discussions avec les autorités de régulation de la vie privée, le groupe Meta a proposé, mardi 19 mars, de réduire de presque de moitié le coût de l’abonnement mensuel pour Facebook et Instagram, le faisant passer de 9,99 euros à 5,99 euros, selon l’agence Reuters.
Depuis le mois de novembre 2023, la société propose en effet aux utilisateurs européens de ses deux principaux réseaux sociaux de choisir entre continuer à utiliser gratuitement ces services en consentant à livrer leurs données personnelles à des fins de publicité ciblée, ou payer un abonnement pour ne plus voir de réclames. Offrir ce choix, selon le groupe Meta, lui permet de se conformer aux règles européennes sur le traitement des données personnelles, qui limitent sa capacité à personnaliser les publicités pour les utilisateurs sans leur consentement, ce qui a un impact direct sur sa principale source de revenus.
Les critiques se sont néanmoins multipliées à l’encontre de cette nouvelle formule, l’accusant de faire payer les usagers pour protéger leur vie privée. Deux plaintes ont été déposées ces derniers mois, l’une par l’organisation non gouvernementale autrichienne None of Your Business (NOYB), l’autre par un ensemble d’associations de consommateurs de huit pays différents. Dans le cadre des deux procédures, le groupe américain est accusé d’enfreindre le règlement général sur la protection des données (RGDP).
Plus récemment, vendredi 15 mars, 39 députés européens sont revenus sur cette option payante dans une lettre ouverte adressée à Meta : « Nous demandons instamment à votre entreprise d’abandonner le modèle “pay or okay” et de s’aligner sur les principes du RGPD, en respectant les droits fondamentaux des citoyens de l’UE. »
Diminuer le prix de l’abonnement est, pour Meta, une façon de répondre à ces critiques. « Nous avons donc proposé de baisser le prix de 9,99 euros à 5,99 euros pour un compte unique et à 4 euros pour tout compte supplémentaire », a déclaré mardi Tim Lamb, avocat de Meta, lors d’une audition à la Commission européenne. « C’est, de loin, le prix plus bas dans la fourchette que toute personne raisonnable devrait avoir à payer pour des services de cette qualité », a-t-il ajouté, selon Politico. Une « offre sérieuse », selon lui, qui permettrait « d’accélérer le processus ».
« En réalité, cela n’a rien à voir avec l’argent, le problème est l’approche “pay or okay” dans son ensemble, a réagi Max Schrems, activiste à la tête de l’organisation NOYB, auprès de l’agence Reuters. Nous ne pensons pas que le simple changement de prix rendra cette approche légale. » L’European Data Protection Board, organisme qui regroupe l’ensemble des gendarmes européens des données personnelles, comme la Commission nationale de l’informatique et des libertés en France, doit rendre un avis sur le nouveau modèle payant de Meta dans les prochains jours, selon Politico.