Depuis 2018, les véhicules neufs vendus en Europe doivent être équipés du système eCall de communication d’urgence. Ce dernier s’active automatiquement (ou manuellement via un bouton dédié) en cas d’accident et déclenche un appel vers le 112 avec en prime le transfert de certaines données (localisation, heure, numéro d’immatriculation…).
L’objectif est de permettre aux secours d’intervenir rapidement sur un sinistre partout en Europe, même si les occupants du véhicule ne sont pas en état de répondre. Il s’agit bien sûr de gagner du temps et potentiellement de sauver des vies.
Présente sur plus de 30 millions de véhicules en Europe, cette communication d’urgence passe par les réseaux cellulaires 2G et 3G. Cependant, les opérateurs télécom préparent l’extinction de ces réseaux jugés obsolètes après le déploiement de la 4G et celui en cours de la 5G.
Faut-il maintenir les réseaux 2G / 3G rien que pour eCall ?
Cela ne fait pas les affaires des constructeurs automobiles qui feraient du lobbying à Bruxelles pour obliger les opérateurs à maintenir un réseau 2G national opérationnel, indique le journal La Tribune.
La Commission européenne aurait pris contact avec les 27 Etats membres pour recueillir leur avis sur ce point. En France, le ministère de l’Economie n’a pas pris position et fait valoir qu’il n’a pas de pouvoir décisionnaire sur les activités commerciales des opérateurs concernant leur stratégie de fermeture des réseaux 2G et 3G, par ailleurs supervisée par l’Arcep, régulateur du secteur des télécommunications.
La Tribune note également qu’il n’y a pas d’obligation légale au niveau européen qui permettrait de forcer un opérateur à conserver un réseau d’ancienne génération. Par ailleurs, les opérateurs sont vent debout contre la perspective du maintien d’un ancien réseau.
Telecom et automobile en collision frontale sur le sujet
Ils accusent également les constructeurs automobiles ne pas avoir pris le train de la 4G en route et d’avoir continué à vendre des véhicules avec des connectivités 2G et 3G, sans se préparer à l’éventualité de la fermeture des anciens réseaux. Ils leur est reproché de tenter maintenant de retourner la situation à leur avantage.
Maintenir le réseau 2G reviendrait aussi à bloquer ses bandes de fréquence pour cet usage. Or, la ressource spectrale est rare et stratégique et doit servir à renforcer les capacités des réseaux plus récents.
Les constructeurs automobiles répliquent qu’ils ont été obligés de maintenir des solutions 2G et 3G pour assurer l’homologation des véhicules, faute de dispositions décidées en amont pour faire évoluer la technologie.
Seul espoir, un eCall NG (Nouvelle Génération) devrait être mis en place à partir de 2026 et rendu obligatoire d’ici 2027. Mais quid des véhicules équipés avec le système eCall actuel fonctionnant en 2G / 3G ?
Il faudrait alors envisager un prolongement de la durée de vie des réseaux cellulaires anciens jusqu’en 2040 (on entend déjà les opérateurs s’étrangler face à cette éventualité) pour couvrir le cycle commercial des derniers véhicules équipés ou prévoir un remplacement du système de communication en garage, à moins d’abandonner complètement le système eCall. Et dans tous les cas, qui paiera la note ? Mystère et boule de gomme.