L’organisation qui milite pour un internet ouvert vient de publier des recommandations destinées à mieux empêcher certaines pratiques des plateformes du Web qui nuisent aux consommateurs, comme les dark patterns ou les faux avis.
S’attaquer aux dark patterns, renforcer la protection de la vie privée en ligne, construire un monde numérique plus juste… Mozilla vient de publier ses recommandations pour mieux protéger les consommateurs en ligne, à destination des futurs commissaires européens qui seront nommés pendant l’été. Dans un article de blog du 27 mars dernier, l’association constate « une multiplication de pratiques de conception nuisibles, une personnalisation agressive et la prolifération de faux avis ». Des éléments qui peuvent « limiter ou fausser les choix en ligne », et même « nuire aux personnes, en particulier aux plus vulnérables, en les incitant à prendre des mesures qui ne sont pas dans leur intérêt, ce qui entraîne des pertes financières, des dommages pour la vie privée, la sécurité et le bien-être », déplore l’organisation avant de lister un certain nombre d’actions à mener.
Première d’entre elles : s’attaquer aux pratiques de conception nuisibles, comme « celles qui contraignent, manipulent ou trompent les consommateurs ». Depuis février dernier, date d’entrée en vigueur du DSA, le règlement européen sur les services numériques, toutes les plateformes du Web sont censées, en Europe, avoir cessé d’utiliser des « dark patterns ». Il s’agit de toutes ces fonctionnalités conçues pour pousser l’internaute à faire des choix qu’il n’aurait pas faits en leur absence – comme le fait de rendre difficile le processus de désabonnement, de vous faire rester le plus longtemps possible sur un site… Mais en pratique, la règle ne serait pas toujours respectée. Nombre de ces dark patterns seraient difficiles à déceler, tout en restant nuisibles pour le consommateur.
Ces dark patterns « se développent non seulement au niveau de l’interface, mais aussi plus profondément dans l’architecture du système », écrit Mozilla sur son blog. L’association souhaite que les lois européennes tendent à imposer « une conception numérique éthique » et recommande aux colégislateurs européens de mettre à jour les règles de protection des consommateurs. L’objectif : interdire les « dark patterns » plus « légers » et moins décelables, et empêcher les plateformes de « contourner les exigences légales par des techniques de conception ».
Vie privée, faux avis…
Mozilla recommande aussi de davantage protéger la vie privée en ligne, et de contraindre les plateformes à être plus transparentes dans leurs processus algorithmiques. Ces dernières devraient « permettre aux utilisateurs de comprendre et d’interpréter la manière dont les décisions de personnalisation sont prises, y compris la logique qui sous-tend les recommandations de contenu et le ciblage publicitaire ». Un moyen pour eux de pouvoir exercer leur choix en toute connaissance de cause.
Elle souhaiterait aussi que les législateurs s‘attaquent davantage aux faux avis – en mai 2023, l’organisation avait acheté Fakespot, une start-up américaine qui identifie, grâce à l’IA, les faux commentaires en ligne. Ces faux avis « induisent en erreur les consommateurs et faussent la valeur des produits ». Pour y mettre fin, Mozilla souhaiterait imposer plus de transparence et de responsabilité des plateformes. Enfin, elle préconise de redéfinir ce qu’on appelle un « consommateur moyen » dans le droit européen, un terme de référence souvent repris dans les textes de lois pour caractériser l’existence ou l’absence d’une pratique commerciale trompeuse. Il désigne une personne « raisonnablement bien informée, observatrice et prudente ». Mais aujourd’hui, qui est encore bien informé et prudent face aux pratiques des plateformes, s’interroge en substance l’organisation ?
Mozilla préconise ainsi de mettre en place des audits indépendants, un moyen « d’évaluer et de garantir le respect des normes de conception anti-manipulation » et de rectifier le tir, si nécessaire. Quelques jours plus tôt, le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc) avait publié un rapport, appelant aussi à concevoir des systèmes de recommandation dans l’intérêt des utilisateurs, en vue d’un futur « Digital Fairness Act », expliquait Contexte, le 25 mars dernier. Ces recommandations pourraient être suivies pendant la prochaine mandature de la Commission européenne (2024-2029).
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Source :
Article de blog de Mozilla