Depuis plus d’un an, Google travaille à intégrer un assistant conversationnel dans son moteur de recherche. L’idée de cette future fonctionnalité est simple : pour l’entreprise, il s’agit de s’adapter aux évolutions des usages depuis le lancement de ChatGPT fin 2022 et d’utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour mieux répondre aux requêtes des internautes. Mais changer ainsi le fonctionnement et l’interface du navire amiral du groupe représente un défi : cela pose des questions évidentes de fiabilité du service, mais soulève aussi des enjeux économiques.
Le questionnement est tel que Google envisage, selon le Financial Times, d’exiger le paiement d’un abonnement pour accéder à tout ou partie de ces nouvelles fonctionnalités de recherche via l’IA. Profiter pleinement des réponses formulées par le chatbot serait ainsi réservé aux seuls abonnés, explique le quotidien économique, jeudi 4 avril. Cela serait pour Google une rupture avec le modèle économique établi de longue date pour son moteur de recherche : un service gratuit financé par la publicité liée aux mots-clés tapés par l’internaute (adwords) et placée à divers endroits des pages de résultats.
Une des raisons de ces interrogations est liée à une face cachée des services d’IA : leur coût. Entraîner un modèle de traitement du langage ou d’images avec des centaines de milliards de paramètres peut coûter plus de 100 millions de dollars (92 millions d’euros) en capacité de calcul informatique, mais, ensuite, son utilisation nécessite aussi de dépenser quelques fractions de centime à chaque requête d’un internaute. Ce prix est plus élevé que pour une requête classique sur un moteur de recherche (il est par exemple de 10 dollars par million de caractères tapés en requête et de 30 dollars en réponse, pour le puissant modèle GPT-4 Turbo d’OpenAI). En février 2023, opérer ChatGPT coûtait ainsi à OpenAI 700 000 dollars par jour, selon les estimations du cabinet SemiAnalysis, pour 13 millions d’utilisateurs actifs. Ils sont aujourd’hui 100 millions.
Coûts importants
Ces coûts importants se reflètent dans les premiers modes de commercialisation choisis pour les fonctionnalités d’IA conversationnelle : pour bénéficier de Copilot, l’assistant de Microsoft créé avec les modèles d’IA d’OpenAI, dans la suite de bureautique Office (Word, Excel, PowerPoint…), il faut payer un abonnement supplémentaire de 30 dollars par mois. Utiliser des possibilités similaires dans la suite bureautique de Google Workspace oblige à s’acquitter de 20 dollars par mois. Google a aussi lancé en février l’abonnement Google One AI Premium, qui donne accès à son meilleur modèle d’IA (1.0 Ultra) dans son assistant conversationnel Gemini (anciennement appelé Bard) et à son utilisation dans les services Gmail, Meet, Docs… Disponible dans 150 pays mais pas en France, il est facturé 19,99 dollars par mois, contre seulement 2 à 10 dollars pour les abonnements Google One, créés en 2018 pour permettre d’acheter davantage de stockage en ligne pour ses documents.
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