Comme chaque année à la même époque, Apple fait valoir ses efforts pour l’environnement et pour arriver à la neutralité carbone en 2030 pour ses produits et sa chaîne de production. Une enquête montre cependant que sur le recyclage, tout n’est pas aussi vert qu’Apple voudrait le faire croire.
En 2020, Apple trompetait sa volonté d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2030. Les rapports annuels de l’entreprise sur l’environnement, publiés à l’occasion du Jour de la Terre, détaille les efforts réalisés par le constructeur et par ses sous-traitants pour tenir l’objectif. Le rapport 2023 indique qu’Apple a réduit ses émissions de gaz à effet de serre « de plus de 55 % depuis 2015 ».
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Neutralité carbone
Un palier impressionnant qui montre que le discours d’Apple en matière d’environnement ne contient pas que des vains mots… même s’ils sont aussi devenus un argument marketing. L’an dernier, la firme à la pomme annonçait ainsi que ses nouvelles montres connectées étaient désormais « neutres en carbone », au grand dam de plusieurs organisations de défense de l’environnement.
La protection de l’environnement passe par un ensemble de mesures qui vont des énergies renouvelables (Apple est un champion du photovoltaïque) au retrait du plastique dans les emballages, en passant par le financement et la promotion de projets de retrait du carbone. Le recyclage pèse lourd dans ces efforts, et Apple ne manque pas une occasion de mettre en avant Liam et Daisy, ses robots recycleurs d’iPhone.
Une enquête de Bloomberg jette cependant une lumière crue sur les pratiques d’Apple en matière de recyclage. En 2020, le constructeur portait plainte contre GEEP, une entreprise canadienne spécialisée dans le recyclage, dont Apple est client depuis 2014. GEEP reçoit chaque année des centaines de milliers d’iPhone, d’iPad et d’Apple Watch à passer au pilon, des appareils provenant d’utilisateurs qui les ont donnés dans les Apple Store et le réseau de boutiques agréées.
Une fois que les composants sensibles, comme les batteries, sont retirés, les appareils passent dans un broyeur ce qui permet de récupérer des matériaux. Mais lors d’un audit, Apple a constaté des vols : des employés de GEEP subtilisaient des produits pour les revendre, malgré les mesures de sécurité drastiques exigées par Apple pour éviter le vol. 99 975 unités ont été dérobées, d’après le décompte du constructeur qui dans sa plainte réclame une sanction de 22 millions de dollars contre GEEP.
Bon nombre de ces appareils, surtout des iPhone, finissaient en Chine, où ils étaient réactivés. Puisque ces appareils fonctionnent toujours, pourquoi donc les destiner au broyeur ? Manifestement, la question est un peu embarrassante : la procédure judiciaire pourrait s’éteindre dans quelques mois, ni Apple ni GEEP ne souhaitant visiblement la relancer en déposant de nouveaux documents. En l’absence de procès, la firme à la pomme n’aura pas à exposer certains aspects de son programme de recyclage qui sont, peut-être, moins reluisants que les beaux discours envoyés au grand public.
Interrogé par Bloomberg, un porte-parole de l’entreprise n’a pas voulu s’engager sur cette pourtant très intéressante question qui ne concerne d’ailleurs pas que ce seul sous-traitant. Il a cependant affirmé qu’en quatre ans, le recyclage des produits électroniques avait progressé « à pas de géant ». Il ajoute que le constructeur développe des produits qui servent souvent à plusieurs propriétaires et qu’il propose à ses clients « plusieurs moyens pour rapporter leurs appareils pour analyse en vue d’une remise à neuf et d’une réutilisation ».
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Source :
Bloomberg