« S’attaquer avec force aux conceptions addictogènes et enfermantes de certains services numériques, pour les interdire » ou encore « assumer un rôle plus injonctif sur le design des produits et services disponibles, en particulier pour les enfants ». Parmi les vingt-neuf mesures du rapport « Enfants et écrans : à la recherche du temps perdu », commandé début 2024 par Emmanuel Macron à un groupe d’experts et remis au président de la République, mardi 30 avril, certaines des plus contraignantes concernent les réseaux sociaux.
Estimant qu’ils sont, au moins en partie, la cause de différents problèmes de santé physique ou psychologique, même si « les données probantes devront être renforcées pour armer le dialogue », le rapport recommande d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans, contre, avec l’accord des parents, 13 ans aujourd’hui.
Mais le rapport estime aussi qu’il faut interdire une liste de mécanismes, courants sur les réseaux sociaux, à commencer par les fils de déroulement infinis – le fait de pouvoir faire défiler des contenus sans fin. Un outil utilisé par la totalité des grands réseaux sociaux actuels, tout comme les recommandations de contenus « sur la base du comportement antérieur » d’un utilisateur, que le rapport préconise aussi d’interdire.
Vives réactions en ligne
Interdire, mais comment ? Les recommandations de contenus et les flux infinis sont la cible d’un grand nombre de critiques depuis déjà longtemps, mais font désormais partie intégrante du quotidien des internautes. En 2019, aux Etats-Unis, un projet de loi qui allait en ce sens et porté par le sénateur républicain Josh Hawley avait échoué à rassembler un soutien suffisant pour être soumis au vote.
Une loi limitée à la France aurait peu de chances d’être applicable ; au niveau européen, les eurodéputés ont adopté, fin 2023, un rapport appelant à une interdiction, ou au moins à un contrôle renforcé, des pratiques jugées déloyales, appelées dark patterns, conçues pour maintenir l’attention des utilisateurs.
Le rapport propose aussi une autre voie : encourager l’émergence de réseaux sociaux « éthiques », accessibles plus tôt que les autres aux adolescents − le texte suggère l’âge minimal de 15 ans pour les réseaux sociaux « éthiques » contre 18 ans sur les réseaux classiques. Ces propositions de mesure ont provoqué de vives réactions en ligne, d’aucuns critiquant des préconisations décorrélées du vécu des adolescents, dont une part importante de la vie sociale passe par les réseaux sociaux.
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