Le « weeb », cet apprenti Japonais qui vit dans le cliché

Les « Race Change to Another », ces ados en quête d’une coréanité fantasmée


Dans un article du Monde, Maïa Mazaurette rappelait récemment que, depuis 2019, les requêtes les plus fréquentes sur la plate-forme PornHub sont « hentaï » (catégorie de manga et anime porno) et « japanese ». La prolifération en Occident de la figure du « weeb », ce nerd fasciné par les mangas et la K-pop, s’inscrit dans un mouvement plus global d’érotisation de l’Asie. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette réduction du mot « weeaboo » n’a pourtant rien à voir avec la langue nippone. En 2005, Nicholas Gurewitch l’utilise pour la première fois dans la BD à l’humour noir The Perry Bible Felloswhip (publiée en français aux éditions Lapin). Puis, l’expression se répand à travers le forum masculiniste 4chan. Les internautes s’en servent pour se moquer des personnes blanches excessivement passionnées par la culture japonaise.

Déjà, en 2002, apparaissait un autre néologisme sarcastique, désignant sensiblement la même chose. Le terme « wapanese » est une contraction inventée par les Nippons entre « wannabe Japanese » (« Japonais en devenir ») et « white Japanese » (« Japonais blancs »), pour s’amuser des Occidentaux obsédés de façon malsaine par leur culture, en une démarche qui flirte souvent avec l’appropriation. Ce japanophile passionné de mangas, de jeux vidéo, de J-pop, adore afficher ses goûts aux yeux de tous. Sweat-shirt à capuche siglé « My Hero Academia » sur le dos, ce puriste porte également une extrême attention à sa décoration d’intérieur (et sans doute aussi mange-t-il des nouilles ramen).

Plutôt de nature introvertie, le weeb aime se plonger dans son petit monde protecteur. Dans sa chambre éclairée par des néons de couleur trônent les figurines de ses animes préférés et des murs de mangas exposés telles des reliques antiques et classés avec une précision maniaque. Sur ses réseaux sociaux favoris – X, Discord et Twitch –, il opte pour une photo de profil mettant en avant son personnage préféré d’anime. Parfois, il s’agit d’une femme plantureuse. Ou encore d’une « loli », soit une fillette ou un personnage en ayant l’apparence.

Se considérant comme l’expert incontestable en tout ce qui a trait au Japon, le weeb n’hésite pas à le corriger quand quelqu’un parle du manga phare L’Attaque des titans : « C’est Shingeki no Kyojin, en fait. » Il vous reprendra également pour votre prononciation douteuse de l’omelette nippone : « On dit tamagoyaki ! » Depuis que le « hallyu », soit la « vague coréenne », déferle sur le monde, le weeb tend à muer pour prendre une nouvelle forme, celle du « koreaboo », obsédé par la Corée du Sud et sa culture.

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