Après avoir tenu mercredi 15 mai un discours antisémite sur son compte Instagram, où elle est suivie par plus d’un million de personnes, l’influenceuse française Poupette Kenza, de son vrai nom Kenza Benchrif, est visée par plusieurs signalements à la justice. La délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) a annoncé jeudi avoir signalé ses propos au procureur de la République.
En cause : une story dans laquelle la jeune femme s’est exprimée au sujet du conflit israélo-palestinien et des mouvements de boycott à l’encontre d’Israël, qui se propagent sur les réseaux sociaux. « Je vous le dis, c’est clair et net, je suis une propalestinienne, je ne travaille pour aucune personne sioniste ou juive, a-t-elle déclaré face caméra. (…) Je n’ai aucun partenaire, aucun agent qui est juif ou quoi que ce soit. »
« Boycotter des femmes et des hommes en raison de leur identité ou religion, c’est évidemment illégal », a rappelé la ministre chargée de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, dans une publication sur la plate-forme X. L’Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui affirme de son côté avoir déposé plainte « pour incitation à la haine et à la discrimination », considère que « de tels propos haineux diffusés à plus d’un million d’abonnés mettent en danger les juifs ».
Son profil Instagram inaccessible jeudi
Quelques minutes après ses propos antisémites, l’influenceuse s’était à nouveau filmée pour « rectifier » ses dires et reconnaître qu’elle s’était « mal exprimée » : « J’ai rien contre les juifs (…), j’[en] ai juste contre les sionistes et ceux qui financent le génocide, ceux qui financent ce massacre. »
Le compte Instagram de Poupette Kenza, sur lequel ont été publiés ces propos et ces excuses, n’était plus accessible jeudi en début d’après-midi. Sollicité par l’Agence France-Presse, le réseau social de Meta ne s’est pas exprimé sur les raisons de cette suspension. Ses profils TikTok et YouTube, où l’influenceuse ne s’est pas exprimée depuis le début de la polémique, sont actuellement toujours en ligne.
Du reste, Poupette Kenza n’en est pas à ses premiers démêlés avec la loi. A l’été 2023, elle avait été épinglée pour « pratiques commerciales trompeuses » par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Le service du ministère de l’économie et des finances lui reprochait d’avoir fait la promotion d’un blanchisseur de dents interdit en France et l’avait contrainte de payer 50 000 euros dans le cadre d’une transaction pénale.