Depuis quelques années, la luminosité est l’un des arguments commerciaux que les fabricants de télévisions mettent le plus souvent en avant : Sony, LG, Panasonic et Samsung se disputent le record du « pic lumineux » le plus élevé. De fait, certaines grosses productions télévisuelles et cinématographiques en tirent réellement profit, affichant de petites zones d’image particulièrement lumineuses afin de mieux restituer, par exemple, les miroitements du soleil dans l’eau, ou la brillance d’un rayon laser. Or, selon le site spécialisé FlatpanelsHD, Samsung aurait menti sur les capacités réelles de certains de ses téléviseurs.
La luminosité maximale des TV est généralement évaluée en affichant un petit rectangle blanc sur 10 % de la surface de l’écran, puis en mesurant, au moyen d’une sonde, le nombre de « nits », une unité d’intensité lumineuse, émis à cet endroit précis. Selon FlatpanelsHD, le téléviseur haut de gamme QN95B de Samsung est capable de déjouer cette méthode en détectant qu’un test est en cours, puis en augmentant sa luminosité de 80 % de façon temporaire – la TV ne serait pas capable de supporter un tel pic pendant longtemps sans subir des dommages, juge FlatpanelsHD.
Les journalistes du média danois se sont aperçus de la supercherie en affichant un carré blanc non conforme aux standards, occupant seulement 9 % de la surface de l’écran. Le pic lumineux s’effondrait alors, passant du niveau stratosphérique de 2 300 nits à la valeur de 1 300 nits. Un niveau déjà fort élevé que ce téléviseur n’a jamais réussi à dépasser lors des tests réels impliquant la diffusion de films et de séries.
Un précédent sur smartphone
« Samsung va fournir une mise à jour logicielle qui fera en sorte que la luminosité des contenus HDR soit cohérente sur des fenêtres de tailles plus variées, au-delà des standards de l’industrie » a répondu Samsung aux journalistes danois, reconnaissant ainsi à demi-mot la manipulation.
C’est la deuxième fois que le constructeur coréen fait l’objet d’accusations de ce type en 2022. Au début du mois de mars déjà, son smartphone vedette, le S22, était pris en excès de vitesse. Le smartphone fonctionnait très rapidement lorsque l’on mesurait ses performances avec des applications de test populaires comme 3Dmark ou Geekbench, mais moitié moins vite avec beaucoup d’autres applications – notamment des jeux qui auraient pu profiter d’une telle rapidité.
L’éditeur de l’application de tests Geekbench en a pris ombrage, bannissant les Samsung S22 – et ses trois prédécesseurs – de son site Internet, où il classe les smartphones selon leurs performances. Là encore, Samsung a réagi en offrant une mise à jour logicielle, laissant aux joueurs plus de liberté dans la gestion des performances de leur mobile, tout en expliquant que ces ralentissements visaient à éviter l’échauffement excessif de ses smartphones.
La problématique de la surchauffe n’est en rien originale : c’est le principal souci des fabricants de puces électroniques depuis des décennies et chaque fabricant de smartphones est confronté à ce problème. Par le passé, plusieurs autres marques ont d’ailleurs recouru à des solutions flirtant avec la malhonnêteté, tels Xiaomi en 2022, OnePlus en 2021, Huawei et Oppo en 2018.