Deux opérations présumées d’ingérence, et un point commun : les trois hommes qui ont déposé, samedi 1er juin, des cercueils remplis de plâtre près de la tour Eiffel, à Paris, étaient en lien avec un homme suspecté d’avoir fait partie du groupe qui avait tagué, à la mi-mai, des pochoirs représentant des mains rouges à Paris, selon une note de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) que Le Monde a pu consulter.
Au matin, cinq cercueils avaient été découverts au pied de la tour Eiffel, remplis de plâtre et recouverts d’un drapeau français, avec la mention « soldats français de l’Ukraine ». Trois hommes ont été interpellés dans la journée : le chauffeur de la camionnette utilisée pour transporter les cercueils, arrêté à proximité du monument parisien, puis, dans l’après-midi, deux autres hommes qui s’apprêtaient à prendre un bus pour Berlin.
Le conducteur de la camionnette a déclaré aux policiers qu’il avait été payé pour déposer les individus et la cargaison, et qu’il était arrivé de Bulgarie la veille ; les deux autres hommes, un Ukrainien et un Allemand, ont reconnu avoir touché 400 euros pour déposer les cercueils.
Un copier-coller de l’affaire dite « des étoiles de David »
Toujours selon les informations du Monde, le contenu du téléphone d’un des suspects et les déclarations en garde à vue des trois hommes ont permis aux enquêteurs d’identifier qu’ils étaient en contact un homme déjà suspecté d’avoir participé à une autre opération présumée d’ingérence : la dégradation, avec des pochoirs de mains rouges, du Mur des Justes du Mémorial de la Shoah à Paris, dans la nuit du 13 au 14 mai.
Cet homme, Georgi F., un ressortissant bulgare de 34 ans, est soupçonné d’avoir fait partie d’un groupe de trois hommes qui avaient tagué le monument. Tous trois logeaient dans un hôtel du 20e arrondissement de Paris qui avait été réservé de Bulgarie. Ils ont tenté de fuir pour Bruxelles dès la fin de l’opération en empruntant un Flixbus.
Ces dégradations avaient suscité une vive indignation ; l’enquête privilégie la piste d’une opération de déstabilisation coordonnée depuis l’étranger. Si les commanditaires de cette opération n’ont pas été identifiés, plusieurs indices désignent la Russie : quelques jours après la découverte des tags de mains rouges, des photos des dégradations avaient été diffusées en ligne par des comptes X appartenant à l’infrastructure technique de Doppelganger, un vaste appareil de désinformation russe en ligne géré par des entreprises de marketing russes. Surtout, le mode opératoire de ces dégradations était presque un copier-coller de l’affaire dite « des étoiles de David », dans laquelle des tags avaient été peints dans plusieurs quartiers de Paris.
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