Source inépuisable d’inspiration, l’épique opération « Overlord », qui a mobilisé 156 000 soldats des forces alliées le 6 juin 1944, a offert sur un plateau une trame idéale à des nombreux scénaristes. Le courage des soldats, l’expertise stratégique d’Eisenhower et de son état-major, l’implication de toutes les troupes antinazies et la réussite finale de l’opération, tous ces éléments ont contribué au succès de nombreux films-cultes qui ont durablement façonné notre imaginaire, tel Le Jour le plus long en 1962. Emboîtant le pas au septième art, le jeu vidéo a cherché lui aussi à représenter le D-Day. Mais à la différence du cinéma, il dispose d’un pouvoir supplémentaire : permettre au joueur d’intervenir activement dans la représentation en modifiant profondément son rapport à l’histoire.
Première industrie culturelle en France et dans le monde, le jeu vidéo intrigue de plus en plus la communauté scientifique, qui prend la mesure de son impact économique et social. En 2023, le nombre de joueurs français atteignait, selon l’institut Médiamétrie, le record de 39,1 millions de pratiquants âgés de 10 ans et plus – l’âge moyen des joueurs variant, selon les études et les régions du monde, généralement entre 30 et 35 ans.
Cet article est tiré du « Hors-Série Le Monde : 1944 – Des débarquements à la libération de la France », mai 2024, en vente dans les kiosques ou par Internet en se rendant sur le site de notre boutique.
Les premiers jeux dits historiques qui ont émergé dans les années 1970, lorsque l’industrie vidéoludique en était encore à ses balbutiements, ont ouvert la voie à plusieurs franchises phares ayant initialement pour cadre la seconde guerre mondiale, comme Medal of Honor, Battlefield, Brothers in Arms ou encore Call of Duty. Le site HistoriaGames, qui recense les jeux historiques par périodes, dénombre à ce jour 720 jeux sur ce conflit sur un total de 1 151 pour l’ensemble de la période contemporaine, soit plus de la moitié. La première guerre mondiale n’arrive qu’à la quatrième position avec seulement soixante-douze jeux, derrière la guerre froide et la guerre de Sécession.
Cet engouement pour 39-45 s’explique en partie par l’empreinte indélébile qu’elle a laissée sur la culture populaire, mais gardons à l’esprit que le public cible a été pendant longtemps celui de l’Amérique du Nord. Ces jeux ont donc tendance à mettre en scène des référentiels culturels, idéologiques, politiques et sociaux qui gravitent autour de la sphère anglo-saxonne.
Une expérience immersive
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