Les chiffres sont impressionnants, voire inédits dans le milieu des affaires français : créée il y a un an seulement, Mistral AI annonce, ce mardi 11 juin, une levée de fonds de 600 millions d’euros. La start-up tricolore d’intelligence artificielle est ainsi valorisée 5,8 milliards d’euros. Elle a levé un milliard d’euros en trois fois : 105 millions en juin 2023 alors qu’elle n’avait pas quelques semaines, puis 385 millions en décembre, ce qui la valorisait à deux milliards. Ce montant a, depuis, triplé.
Cet engouement des investisseurs reflète les espoirs placés dans l’intelligence artificielle (IA) générative depuis le lancement, fin 2022, de ChatGPT. Mistral AI est justement un fabricant de modèles de traitement du langage similaires à ceux d’OpenAI, le créateur de ChatGPT. Fondé par trois ingénieurs en IA français de haut niveau – Arthur Mensch, Timothée Lacroix, Guillaume Lample – passés par Google-Deepmind ou Meta (Facebook, Instagram…), Mistral AI veut créer « un champion européen à vocation mondiale dans l’intelligence artificielle ».
« Ce nouveau tour de table nous met dans une position unique pour pousser le développement d’une IA de pointe et la placer entre toutes les mains, assure M. Mensch, dans un communiqué. Cet investissement garantit la stratégie d’indépendance de l’entreprise, qui reste complètement sous le contrôle de ses fondateurs. »
Sept modèles de traitement du langage
L’entreprise déclare avoir décidé de lever de nouveau des fonds après avoir été approchée par des investisseurs. Ce tour de « série B » est mené par des fonds d’investissement américains (comme General Catalyst, Lightspeed ou Andreessen Horowitz), mais des Européens sont cette fois-ci plus présents (Bertelsmann Investment, BpiFrance, Eurazeo, BNP Paribas), de même que des industriels (Cisco, IBM, Nvidia, Salesforce…). Parmi les premiers investisseurs à titre individuel figuraient également l’ex-secrétaire d’Etat Cédric O et Xavier Niel, fondateur de Free (actionnaire à titre individuel du Monde).
Mistral assure avoir jusqu’ici dépensé relativement peu de capital pour développer ses sept modèles de traitement du langage lancés jusqu’ici : environ 20 à 30 millions d’euros, pour payer le calcul informatique nécessaire pour entraîner ces logiciels, sur environ 1 000 puces graphiques dernier cri (du type de celles vendues par le leader américain Nvidia).
L’argent levé serait toutefois utile pour disposer d’une plus grande capacité de calcul pour mener ses recherches, ce qui permet aussi, selon l’entreprise, d’attirer les ingénieurs talentueux, très recherchés et soucieux d’avoir des ressources garanties. Avec 60 employés, Mistral AI souhaite aussi développer son équipe commerciale, en France mais aussi au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, où elle vient d’ouvrir un bureau, sur la côte ouest.
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