Sans aucune apparition publique, le PDG de Tesla a voyagé d’Austin à Lisbonne, en faisant un crochet par Porto. Sujet géopolitique et crucial pour les voitures électriques, le lithium trouve le plus gros de ses réserves européennes au Portugal.
On n’en retient que de rares photos de son jet privé, de camionnettes Mercedes noires et de plusieurs membres de sécurité. À Lisbonne, puis à Porto, Elon Musk a voyagé au Portugal, en provenance du Texas. Aucune chance pourtant de voir le visage du PDG de Tesla, particulièrement préoccupé par la situation autour du constructeur qui a vu pour le second trimestre consécutif une baisse de ses ventes.
L’homme d’affaires a l’habitude de voyager aux quatre coins du monde, sans toujours s’attarder à répondre aux questions des journalistes ou partager ses photos sur son réseau social favori, mais son déplacement au Portugal pose bien plus de questions. Les médias locaux s’amusaient à se demander si Elon Musk se serait rendu sur place pour y faire du tourisme, mais les données des sites de suivi aériens montrent que son déplacement fut des plus brefs.
So @elonmusk was both in Lisbon and Porto.
We can finally ask: Which city do you prefer? 😅 pic.twitter.com/rGQoNlUw0u
— Tiago (@wbetiago) July 8, 2024
Atterri vendredi 5 juillet à l’aéroport de Cascais, près de Lisbonne, son jet privé a ensuite mis le cap sur Porto le temps d’une journée, avant de remettre le cap sur Austin au Texas. Un voyage qu’il aurait effectué accompagné de son fils cadet âgé de 3 ans sans qu’il en relève néanmoins le moindre détail de son programme. La probabilité que le voyage soit de nature professionnelle est très forte, alors que le Portugal recense la plus grande réserve de lithium d’Europe.
Tesla achète 300 000 tonnes de lithium
Comme tout constructeur de voitures électriques, Tesla est un important client de lithium, et annonçait fin juin avoir signé un nouveau contrat de commande avec une entreprise chinoise, pour 300 000 tonnes du minerai étalé sur trois ans, de 2025 à 2027. En Europe à l’heure actuelle, seul le Portugal possède des projets actifs de lancement de mine dans le nord du pays. La première a obtenu son feu vert fin mai 2023, dans la commune de Boticas, quand la seconde l’a obtenu au mois de septembre, dans la commune de Montalegre.
Si la première est exploitée par la société britannique Savannah Resources, la seconde sera portée par la société portugaise Lusorecursos. Il ne serait pas étonnant qu’Elon Musk ait orienté sa visite sur ces gestionnaires, en plus des élus, s’il s’avère que son déplacement fut motivé par des questions d’achat de lithium. Côté calendrier, de telles productions ne démarreront pas avant 2027, portant donc d’éventuelles commandes à un horizon à trois ans minimum.
Après la Serbie, les yeux rivés sur le lithium portugais et français
Plus que la première réserve européenne, le lithium du Portugal représente la huitième réserve au monde, et les yeux de l’industrie automobile notamment sont de plus en plus rivés dessus. Il faut dire qu’ailleurs en Europe, les projets de gisements sont au ralenti, et notamment en Serbie où Belgrade a décidé il y a deux ans de mettre fin au projet d’exploitation par la société australienne Rio Tinto. En cause : une contestation massive de la population, qui menaçait la paix sociale.
Le projet serbe visait à faire de l’extrait de minerais une fabrique de deux milliards d’euros, capable de délivrer plus d’un million de batteries par an. En France, c’est dans l’Allier qu’un projet à 700 000 batteries par an grâce à un gisement de lithium est en cours, mais ce dernier doit aussi faire face à des critiques et des interrogations de l’ordre écologique. Une entrée en production n’est pas prévue avant 2028 et laisse donc l’industrie face à une dépendance à hauteur de 90 % de l’extrait de lithium en Australie, en Chine et au Chili.
Les réserves de lithium sont cruciales, tout comme le sont ses méthodes d’extractions. Car pour la France, l’idée serait aussi de pouvoir décarboner ce processus dans la fabrication des batteries, qui limitent énormément l’aspect « vert » des voitures électriques. Avec le nucléaire, l’Hexagone chercherait à limiter la fameuse « dette carbone », qui greffe à une voiture neuve électrique un impact carbone bien plus important que celui d’une voiture thermique, du fait de sa production.
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