les équipes ont-elles vocation à s’ancrer localement ?

les équipes ont-elles vocation à s’ancrer localement ?


En costume noir sur la scène de l’AccorHotels Arena à Bercy, Kamel Kebir exulte. Mardi 21 juin, ce Français de 26 ans, plus connu sous le pseudonyme de Kameto, a réuni 12 000 personnes autour d’un événement mettant à l’honneur ses équipes e-sportives de la Karmine Corp. Au programme : des affrontements sur les jeux vidéo Valorant et League of Legends (LoL), un spectacle en musique et en effets scéniques à l’américaine et, surtout, une ambiance explosive rarement observée dans l’e-sport français.

Trois semaines auparavant, Kameto s’était confronté à une salle comble d’un autre genre. Dans une ambiance bien plus calme et solennelle, près de deux cents personnalités influentes de l’e-sport français avaient été conviées au Palais de l’Elysée à l’occasion d’une réception censée célébrer le succès du jeu vidéo compétitif en France. Appelé sur scène aux côtés d’Emmanuel Macron, le cofondateur de la Karmine Corp avait alors demandé au président fraîchement réélu d’aider les équipes d’e-sport à construire des stades pour accueillir, dans le futur, des compétitions et surtout des supporteurs.

Une manière de relancer le débat sur l’enracinement dans les territoires des structures e-sportives, lesquelles luttent depuis la fin des restrictions sanitaires pour un retour massif aux événements physiques. Et de poser la question de l’accueil à l’échelon local de consommateurs de plus en plus nombreux – ils étaient en France quelque 9,4 millions en 2021, d’après le dernier baromètre de l’association France Esports –, qui ont pourtant toujours été habitués à des compétitions en terrains neutres : en ligne, lors de LAN parties (en réseau local) ou dans des studios de production.

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« Une arena de 3 000 places »

A l’étranger, s’appuyant sur le modèle des championnats sportifs franchisés aux Etats-Unis, certains ont déjà fait le pari du local. Activision Blizzard par exemple, l’éditeur de jeu derrière l’Overwatch League et la Call of Duty League, a fait de ses équipes des clubs de ville ou de région qui accueillent à tour de rôle les compétitions. Début mars, Optic Texas a par exemple reçu ses adversaires ainsi que des centaines de fans dans son stade, le Esports Stadium Arlington. La Chine, quant à elle, a été le premier pays à adopter en 2018 un fonctionnement similaire sur League of Legends, avec des rencontres à domicile et à l’extérieur dans les infrastructures de certains clubs à Hangzhou, Beijing, Shenzhen, etc.

Quand il parle de l’avenir de son club et de la discipline en général, Kamel Kebir cite d’ailleurs beaucoup l’exemple chinois et rêve d’importer ce modèle en France. « Pour la Karmine Corp, la suite logique c’est d’avoir une petite arena de 3 000 places que l’on construirait et que l’on remplirait toutes les semaines pour que les gens puissent vivre les matchs directement sur place », juge-t-il. L’équipe ainsi que ses nombreux joueurs et employés ont récemment posé leurs valises dans des infrastructures en Ile-de-France, après deux ans d’organisation à distance. De quoi faire de la Karmine Corp un club parisien ? « Il faut voir, répond le principal intéressé. Pour l’instant, on est plus vus comme une équipe française, mais c’est vrai qu’on est très liés à la ville de Paris. »

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