Apple cède une fois de plus à la Commission européenne, en modifiant substantiellement son plan de conformité pour le DMA. Les développeurs pourront librement communiquer sur leurs offres dans l’UE, y compris celles vendues en dehors de l’App Store, mais ils devront aussi faire face à une nouvelle jungle de frais.
La Commission européenne a tapé du poing sur la table contre Apple au mois de juin : le constructeur ne respecte pas le règlement sur les marchés numériques (DMA) en empêchant les développeurs de communiquer librement avec les utilisateurs sur les offres disponibles en dehors de l’App Store. Pour éviter une grosse amende, l’entreprise a donc revu sa copie et lâche du lest… tout en mettant en place un système de commission encore plus complexe et touffu que le précédent.
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À partir de cet automne, les développeurs pourront donc librement promouvoir des offres dans leurs applications via des liens menant des boutiques externes, une autre application ou un site web, que ce soit en dehors de l’app hôte ou dans une vue web. Cela pourrait par exemple être l’app Spotify qui affiche un lien vers sa boutique en ligne.
Les développeurs ont aussi toute liberté de communiquer les promotions comme ils l’entendent, en proposant des informations sur les prix des abonnements ou de toute autre offre. Ils pourront même donner des explications ou des instructions sur la manière de s’abonner ou d’acheter du contenu — aussi incroyable que cela puisse paraître, Apple interdit cette pratique.
Mais attention : ce qu’Apple donne d’un côté, elle le reprend de l’autre. Pas question d’abandonner la commission sur les achats effectués à travers ces liens. La firme à la pomme exigeait jusqu’à présent 17 % du montant de l’achat, en plus des frais de technologie de base (CTF), qui se montent à à 0,50 € par installation au-delà du premier million.
Bienvenue dans la maison des fous d’Astérix
Les liens qui permettent d’acheter du contenu depuis une application en dehors de l’App Store seront soumis à deux types de frais qui sont autant de commissions à verser à Apple.
Il y a tout d’abord des « frais d’acquisition initiale » lorsque l’achat est effectué par un nouvel utilisateur ; ils s’appliquent durant les 12 premiers mois après le téléchargement initial de l’app. Ces frais initiaux sont de 5 %.
À cela s’ajoute des « frais de service pour la boutique », qui se montent à 10 % du prix de l’achat de contenus (ou 5 % pour les développeurs inscrits au programme Small Business, l’immense majorité d’entre eux). Ces pourcentages concernent les développeurs qui ont choisi de souscrire aux nouvelles règles de distribution d’Apple pour l’UE, c’est à dire via des boutiques alternatives ou tout simplement sur le web. Et ils auront à régler en plus le CTF.
Pour les développeurs qui choisissent de conserver la distribution via l’App Store, le CTF ne s’applique pas (c’est le cas depuis toujours), et il leur sera possible d’intégrer des liens vers des boutiques externes. Les frais d’acquisition initiale s’appliquent (5 %), ainsi que les frais de service pour la boutique mais ils se montent à 20 % (ou 7 % pour les membres du programme Small Business).
Si l’utilisateur continue à utiliser l’application, les frais de service de la boutique continuent de s’appliquer. En revanche, si l’utilisateur supprime l’application, après l’expiration de la période de 12 mois, Apple ne prélèvera plus de commission.
Il s’agit donc d’un système à deux niveaux où le développeur paie à la fois les frais d’acquisition initiale et les frais de service de la boutique pour un nouvel utilisateur, pendant la première année. Après 12 mois, les frais d’acquisition prennent fin et la commission continue tant que l’utilisateur continue d’utiliser l’application.
Tout cela est bien compliqué, et pour y voir plus clair les développeurs peuvent se tourner vers la calculette qu’Apple a mis en place (à retrouver à cette adresse). Le constructeur explique que cette nouvelle structure de frais est plus avantageuse pour les développeurs, aussi bien pour ceux qui distribuent leurs apps en dehors de l’App Store que ceux qui restent à l’intérieur.
Mais devant la complexité de cet écheveau, il est probable que les développeurs préfèrent ne rien changer plutôt que de se lancer dans cette jungle de frais digne de la maison des fous d’Astérix.
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