« Pause numérique ». C’est le terme utilisé par Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale démissionnaire, lors de sa conférence de presse consacrée la rentrée des classes. Dès le lundi 2 septembre, 199 collèges expérimenteront l’interdiction du téléphone mobile dans leur établissement. Plus de 50 000 élèves sont concernés.
Si l’utilisation des smartphones est déjà interdite au collège – ils doivent être éteints et rester dans le sac -, ils continuent de circuler dans l’établissement. Il s’agit donc d’aller un cran plus loin en « confisquant » les mobiles.
Dans les collèges qui se sont portés volontaires, les élèves devront les déposer à l’entrée. La généralisation de ce dispositif devrait intervenir au 1er janvier 2025.
Améliorer les résultats et prévenir le cyberharcèlement
Pour le ministère de l’Éducation nationale, cette pause numérique poursuit deux objectifs. En limitant le temps d’exposition aux écrans, il s’agit d’améliorer les résultats des élèves, « l’utilisation du téléphone ayant un effet déterminant sur la capacité de concentration en classe et l’acquisition des connaissances. »
Second objectif : améliorer le climat scolaire en prévenant les violences et le harcèlement en ligne et en faisant respecter les règles encadrant l’usage des outils numériques.
Selon la dernière enquête nationale, un élève sur quatre a été confronté au moins une fois à une forme de cyberviolence de type insulte, moquerie ou humiliation. En revanche, le ministère n’évoque pas les effets néfastes d’une surexposition aux écrans sur la santé physique et mentale de nos chères têtes blondes.
110 minutes par jour sur TikTok
L’instauration de cette pause numérique renvoie aux conclusions de la Commission écrans en avril dernier.
Leur rapport conseille aux parents de ne pas confier de téléphone portable avant l’âge de 11 ans et de leur donner un terminal dépourvu de connexion internet à l’entrée du collège.
Il s’agit de lutter contre l’hyperconnexion des enfants. Nés avec une tablette dans les mains, les « iPad kids » passeraient 110 minutes par jour en moyenne sur TikTok, le réseau social le plus prisé par la génération Z, selon une étude de Qustodio, éditeur d’une solution de contrôle parental. 31 % des pré-ados (7-9 ans) utiliseraient même, contre toutes attentes, la plateforme X (anciennement Twitter).
Un pays sur quatre a banni le mobile à l’école
La France n’est pas le seul pays à expérimenter l’interdiction des smartphones à l’école. En Belgique francophone, les 373 écoles du réseau Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE), accueillant 132 600 élèves appliqueront également le bannissement des mobiles.
Dans certaines régions d’Espagne, les élèves doivent depuis l’an dernier déposer leur téléphone dans une boîte attitrée.
Les Pays-Bas testent, eux, depuis le début de l’année, l’interdiction des smartphones en classe. Le premier bilan est positif avec des élèves plus attentifs et prenant davantage la parole. Sur le plan mondial, un pays sur quatre a déjà adopté une telle mesure selon un rapport de l’Unesco.
Sensibilisation et formation à l’IA
Dans le cas de la France, le volet « répressif » s’accompagne d’un volet pédagogique. La certification PIX qui vise à sensibiliser au bon usage des outils numériques et des réseaux sociaux sera obligatoire à la rentrée 2024 pour tous les élèves de 6ème, sans attendre la 3ème.
Au cours de l’année 2024-2025, l’Éducation nationale élaborera, par ailleurs, une stratégie l’intelligence artificielle.
Il s’agira à la fois d’utiliser les opportunités de l’IA à des fins pédagogiques et de « donner aux élèves les clés de compréhension, d’usages éthiques » voire de développer leurs compétences en leur permettant d’élaborer des outils d’IA.