Après plusieurs années de bataille devant les tribunaux, la Commission européenne a engrangé deux victoires importantes en début de semaine contre Apple et Google. De quoi renforcer la volonté de Bruxelles de réguler les géants des technologies… au risque peut-être de restreindre l’innovation sur le continent.
Durant la même journée de mardi, la Commission européenne a obtenu de la justice la confirmation qu’Apple devait régler des arriérés d’impôts à l’Irlande (13 milliards d’euros), et que Google a bien abusé de sa position dominante sur le marché des comparateurs de prix (2,4 milliards d’euros d’amende).
Faciliter l’émergence de champions européens
Hasard du calendrier, la veille un rapport de Mario Draghi, l’ancien Premier ministre italien, sonnait l’alarme : l’Europe est en retard sur les nouvelles technologies, et les nombreuses régulations n’aident en rien l’émergence de champions européens. Celui qu’on surnomme « Super Mario » estime notamment qu’il faut assouplir les législations pour donner plus d’oxygène aux entreprises innovantes. Il faut dire que ces dernières années ont été chargées, entre le règlement sur la protection des données (RGPD), celui sur les marchés numériques (DMA), celui sur les services numériques (DSA), l’AI Act…
Il veut aussi un changement des règles concernant les fusions-acquisitions : les télécoms européens en particulier devraient être autorisés à fusionner plus facilement afin de devenir des géants à l’échelle continentale — à l’égal des mastodontes américains et chinois. Actuellement, la Commission examine les projets de fusion sous le prisme presque exclusif de la concurrence ; Mario Draghi recommande de prendre en compte les questions d’innovation et de « sécurité économique ».
L’ancien président de la Banque centrale européenne chiffre à 800 milliards d’euros par an l’effort nécessaire d’investissement pour redresser la barre de l’UE face à des États-Unis et une Chine qui accélèrent. L’IA est une opportunité pour corriger les lacunes européennes en matière d’innovation, de productivité, et pour restaurer les capacités manufacturières du vieux continent, estime-t-il encore. La technologie doit infuser dans les industries existantes pour qu’elles puissent rester en pointe.
Mario Draghi parle même de « défi existentiel » pour éviter le spectre du déclassement. Il revient maintenant aux 27 États membres de s’emparer des suggestions de ce rapport, long de 400 pages. La volonté politique risque toutefois de manquer alors que les deux locomotives de l’Union, la France et l’Allemagne, sont empêtrées dans leurs propres crises nationales.
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Source :
Politico