le pire du meilleur d …

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Depuis quatre ans, je suis modératrice de plusieurs groupes Facebook, destinés aux touristes venant à Majorque. Initialement, ces groupes devaient aussi réunir les expatriés, mais, ils sont plutôt minoritaires et ont migré vers des groupes réellement dédiés aux résidents.

Modérateur ou médium ?

À votre avis, quelle est la question qui revient le plus souvent dans un groupe destiné aux touristes ? L’hébergement. Toutes les saisons depuis quatre ans, on a des questions. Selon la taille des groupes, cela va d’une par jour à une dizaine. Généralement, cela commence ainsi « bonjour, je viens à Majorque de telle date à date. Que proposez-vous comme hébergement à un bon rapport qualité-prix ? »

Avec les autres modératrices — le hasard et un administrateur totalement défaillant a fait que nous sommes principalement des femmes à gérer ses groupes – on en rigole régulièrement. Nous ne sommes pas des agents de voyage, chacune d’entre nous a « son » coin sur l’île.

À chaque demande de ce type, on répond invariablement la même chose : merci de préciser la localisation, votre budget et vos attentes. Parfois, je trolle ouvertement et je donne les références d’un palace de l’île où un séjour coûte la masse salariale mensuelle de l’ensemble de la rédaction de ZDNet.

Dans un autre groupe, dans lequel je suis une simple membre, l’administrateur a trouvé la solution : il répond « allez sur Booking » et ferme les commentaires. Sa réponse a le mérite de lui épargner des prises de tête.

Illectronisme flagrant

Pourquoi être modérateur si c’est pour être désagréable avec les gens ? En fait, c’est surtout une lassitude qui s’exprime.

Les groupes dans lesquels je suis modératrice existent depuis très longtemps. Il y a donc une base de questions et de réponses assez fournie. Et pourtant la majorité des gens posent tout le temps les mêmes questions. Facteur aggravant : la plupart des Français vont toujours dans les mêmes établissements.

Pourquoi ne pas utiliser la fonction recherche des groupes ? En fait, si on voulait vraiment être strictes, on devrait fermer ou supprimer au moins la moitié des publications, en indiquant « faites une recherche dans le groupe ».

D’autant qu’il est assez rare d’avoir des demandes réellement exotiques ou qui sortent de l’ordinaire.

La plus récente est celle d’une personne qui allait séjourner à Inca et qui nous demandait quelles étaient les randonnées à faire dans ce secteur. En quatre ans, c’est la première fois que quelqu’un nous interroge sur Inca. La ville n’attire pas du tout les touristes, même les plus curieux. C’est plutôt une ville dortoir, qui ne possède pas exactement de patrimoine historique ou culturel, contrairement à ces voisines. Même moi, je n’ai jamais mis les pieds à Inca.

Pire encore : la plupart des questions peuvent trouver leurs réponses dans un simple moteur de recherche. Mais, peut-être que j’ai un biais, en prenant pour de l’illectronisme, ce qui n’est qu’un manque d’éducation.

Sales gosses

Pourquoi parler de sales gosses ? En fait, c’est assez flagrant quand on observe certaines personnes. Elles viennent dans les groupes Facebook, avec des demandes peu détaillées, blindées de fautes d’orthographe ou de grammaire et exigent des réponses.

Parfois, on ne sait pas ou on répond à côté. Et c’est généralement là que ça dérape. Car oui, on se fait engueuler. Si mes collègues modératrices sont plus conciliantes que moi, je suis la méchante du groupe. Celui qui nous parle de travers est banni d’office.

On n’est pas là pour se faire insulter.

Et de temps en temps, on tombe sur une personne que mon amie Teli qualifie de « Jean-Kévin Aéroport ». Vous les connaissez : ce sont ceux qui claironnent « puisque c’est comme ça, je m’en vais ! ».

La grosse migraine des van-lifers

Cela était déjà arrivé les années précédentes, mais c’était rare. Cette année, nous avons été confrontées à une nouvelle vague de touristes sales gosses : les van-lifers. Explications : aussi bien pour des questions sanitaires, sécuritaires qu’environnementales, le camping et la van-life sont quasiment interdits sur l’île.

Explosion des prix oblige, certains touristes se sont néanmoins imaginé avoir trouvé la parade : louer un van et y dormir. À chaque fois, on leur a expliqué que c’était interdit. Cela n’a pas empêché certains de le faire quand même. L’excuse était toute trouvée : un local lui avait loué un véhicule — même pas un van, mais une simple voiture — aménagé, donc tout allait bien pour lui. Non content d’avoir enfreint les règles, l’impétrant s’en est vanté ouvertement.

J’avais deux options : ou je le pourrissais sur place ou je supprimais ses posts et son adhésion au groupe. J’arrive à gérer ceux qui se plaignent que personne ne parle français sur l’île ou ceux qui se plaignent que l’eau ne soit pas gratuite ou d’autres choses. Mais lui, il a pris pour tous les autres.

Il était tout content de lui, avait fait son voyage à prix réduit, en ne dépensant rien sur place, si ce n’est du carburant et quelques emplettes au supermarché. Il avait profité des beautés de l’île au mépris des règles.

Les étourdis en série

Je parle des étourdis, mais le terme est choisi par défaut. Parmi tous les internautes qui ont des questions, mes préférés sont ceux qui, après avoir réservé leur hôtel et payé un acompte, nous demandent s’il est bien.

Ceux-là, j’avoue ne jamais avoir compris leur démarche. Il y a deux ans, quand je me suis mise en quête d’un hôtel, j’ai d’abord cherché sur Booking, Tripadvisor, demandé dans les groupes et j’ai finalement fait mon choix.

J’ai fini par trouver un semblant d’explication en farfouillant sur les sites de voyages. Ce sont des établissements qui proposent des séjours à prix cassés, généralement, un peu paumés au milieu de nulle part.

Répondant à l’impulsion du moment, ces clients achètent le voyage, et après coup, se mettent à réfléchir en se demandant si l’hôtel est si bien que ça. Mais, là encore, au lieu de voir les offres, de regarder la localisation, les commentaires, bref de chercher, d’abord, ils achètent et ensuite, ils viennent nous poser des questions.

Nouvelle génération

Mais, heureusement, tous les touristes français ne sont pas ainsi. J’en veux pour preuve un charmant petit couple rencontré à Deià. Après avoir parcouru le village, je me suis postée à l’arrêt de bus. Entendant parler français, j’engage la conversation avec deux jeunes de Toulon, venus une semaine sur l’île.

Ils avaient exploré tout ce qui était possible en bus. Je les ai quittés à Port de Soller et en reprenant plus tard le bus pour revenir sur Palma, ils attendaient sagement le bus qui allait dans l’autre sens, à Bunyola. Ils avaient visité les fameux jardins d’Alfàbia. Pour leur dernier jour, ils avaient prévu de visiter la capitale.

Quelque part, ils m’ont réconcilié avec les touristes un peu ahuris. Parce qu’ils étaient jeunes — étudiants tous les deux — curieux, qu’ils s’étaient renseignés sur l’île, qu’ils étaient respectueux et que contrairement à ceux dont je parlais la semaine dernière, ils savaient se servir intelligemment de leur smartphone.



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