Le monde de la création musicale publie un manifeste pour se défendre contre l’IA

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Une coalition d’associations européennes, qui représente les intérêts des auteurs et des compositeurs de musique, a publié un texte demandant à la Commission européenne de mieux protéger le monde de la création musicale face à l’IA générative.

Se dirige-t-on vers un monde musical sans auteur, sans compositeur et sans interprète, majoritairement créé par des IA génératives ? C’est la grande crainte des auteurs compositeurs dont les défenseurs européens viennent de publier un manifeste, ce lundi 21 octobre. L’Alliance européenne des compositeurs et auteurs-compositeurs (Ecsa), qui regroupe des associations de créateurs (paroliers, compositeurs…) du secteur de la musique, veulent imposer « le consentement, la transparence et la rémunération », à chaque fois qu’un morceau de musique a été « ingurgité » par un outil d’intelligence artificielle (IA) générative.

L’organisation estime que les auteurs de musique ne sont pas assez protégés contre l’IA générative : un point de vue partagé dans l’Hexagone. La semaine dernière lors du Mama, le festival annuel de l’industrie musicale, Cécile Rap-Veber, directrice générale de la Sacem, a estimé que « l’IA générative, c’est un pillage massif de toutes les œuvres des créateurs humains, sans aucune rémunération en contrepartie ».

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Des auteurs compositeurs dont « la survie » est aujourd’hui « de plus en plus difficile »

Non seulement l’IA générative permet parfois de réutiliser des voix connues sans autorisation, mais elle permet de générer des dizaines de morceaux en quelques prompts – de quoi diluer l’offre proposée par des artistes en chair et en os, expliquent en substance les créateurs du secteur. L‘Alliance d’associations européennes demande à Bruxelles de tenir ses engagements, et d’aller plus loin que ce que prévoit actuellement le règlement européen sur l’IA (l’AI Act). Le texte imposera aux développeurs d’IA qu’ils publient un résumé détaillé des œuvres qui ont été utilisées pour entraîner leurs outils.

Car aujourd’hui, les créateurs sont « incapables d’obtenir une juste rémunération de l’exploitation de leurs œuvres », explique l’ECSA. Non seulement ils sont confrontés à « l’utilisation de leurs œuvres par les fournisseurs d’Al sans leur consentement », mais ils doivent aussi faire face à « des redevances de streaming dérisoires, des pratiques contractuelles déloyales et un manque généralisé de transparence et de responsabilité dans l’industrie musicale ». Résultat : « (leur) survie de plus en plus difficile, même pour les auteurs de musique dont les œuvres sont appréciées dans le monde entier », regrette Helienne Lindvall, présidente de l’ECSA, citée dans le communiqué.

L’organisation demande donc à la Commission européenne, à travers ses 19 recommandations, d’inscrire ces principes de transparence et de juste rémunération dans la stratégie IA pour les industries culturelles, tout en réglant ses comptes avec le streaming, un marché qu’il faut « réparer ». L’association demande aussi que Bruxelles définisse une stratégie européenne du secteur, avec l’obligation de mettre en place des contrats plus justes pour les créateurs.

Des artistes vent debout contre l’IA

Ces derniers mois, les appels à mieux protéger les artistes et les auteurs compositeurs face à l’IA se sont multipliés. En avril dernier, Billie Eilish, Stevie Wonder, Norah Jones, tout comme les héritiers de Frank Sinatra ou de Bob Marley, ont expliqué, dans une lettre ouverte, que l’IA constituait une menace qui pourrait « détruire l’écosystème de la musique ». En juin dernier, c’est le syndicat américain des éditeurs de musique, la Recording Industry Association of America (RIAA), qui a accusé Uncharted Labs (Udio AI) et Suno AI de « voler le travail d’artistes ».

En retour, Suno AI, qui permet grâce à quelques prompts de générer une musique, a reconnu qu’elle avait bien formé son outil sur des morceaux protégés par le copyright. Mais la start-up estime qu’aux États-Unis, cela reste licite en vertu de ce qu’on appelle « l’usage loyal ».

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La mise en place du « opt out »

En France, diverses mesures ont été prises pour que les systèmes d’IA cessent de « piller » les œuvres existantes, pour entraîner leur IA, selon les créateurs. Le 18 octobre dernier, le Syndicat des catalogues de films de patrimoine (SCFP), qui représente les œuvres audiovisuelles sorties il y a plus de 10 ans, a annoncé que « l’opt-out » était désormais la norme du secteur.

Traduction : tout système d’IA devra d’abord recueillir leur accord pour réutiliser tout contenu provenant de leurs films (scène, images des acteurs, musique, etc). Le SCFP préconise aussi la mise en place d’un « cadre de dialogue continu permettant de travailler à des solutions ». L’objectif : rémunérer les ayants droit, lorsque ces derniers ont donné leur accord pour la réutilisation de certaines parties d’une œuvre.

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Des mesures similaires ont aussi été prises par d’autres secteurs de la création (via la SACD, qui représente les auteurs multimédia, ou le DVP, la presse). La Sacem, qui défend les droits des créateurs de musique en France, a aussi conditionné toute collecte de morceaux pour entraînement d’IA à son autorisation préalable, en octobre dernier.

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Source :

Manifeste de l’ECSA du lundi 21 octobre 2024



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