Méga-procès en vue à Nancy. Depuis hier, un réseau d’une vingtaine de personnes est jugé au tribunal judiciaire de la préfecture de Meurthe-et-Moselle, délocalisé pour cette affaire au palais des congrès.
Une bande soupçonnée d’avoir été particulièrement active, en témoigne le nombre de parties civiles, près de 850, et le montant du préjudice, autour de 28 millions d’euros selon l’accusation.
Tout avait commencé en 2017 par des plaintes de plusieurs clubs de football de Ligue 1. Le FC Sochaux avait ainsi été visé par une variante de la fraude au président. Une personne, prétendant être l’agent d’un joueur, avait contacté le club de football pour lui transmettre un nouveau RIB pour le paiement du salaire du footballeur. Une méthode bien connue dont avait fait les frais d’autres clubs de football aux mêmes dates.
Diamants et crypto
Après des investigations autour de la téléphonie, les enquêteurs découvrent une piste intéressante dans le sud de la France. Ils s’aperçoivent alors que leurs suspects sont également très actifs autour du négoce de diamants et de crypto-actifs, et ce à partir de juillet 2017 pour ces monnaies numériques. Les policiers suspectent alors de véritables escroqueries où il s’agirait d’inciter des victimes à investir sur ce genre de supports avant de disparaître avec l’argent.
Des activités dont on connaît quelques détails grâce à des interceptions téléphoniques croustillantes. Ainsi, en janvier 2018, l’un des mis en cause reproche à un tiers de mettre trop de temps à acheter de nouveaux noms de domaine.
Et alors que les clients sont censés pouvoir faire des paris sur le cours des crypto-actifs sur l’un de ces sites, un autre personne avoue qu’il s’agit en réalité d’un trucage.
Recruté sur Le Bon Coin
Autant de sites relatifs aux crypto-actifs notamment mis en place par un webdesigner recruté sur Le Bon Coin moyennant 400 à 1000 euros par projet payés au noir. Ces plateformes s’inspiraient d’autres sites centrés eux aussi sur le bitcoin. Et des dizaines d’adresses mails professionnelles suggéraient enfin une intense activité.
Au total, 23 sites douteux autour des crypto-actifs, comme bitcoins-central.com ou btc-cap.com, ont été repérés lors de l’enquête pour un préjudice de 11 millions d’euros pour les 368 victimes recensées.
Toutefois, les prévenus ne sont renvoyés devant la justice que pour une partie de ce périmètre. Il a été réduit à 284 victimes et 6,8 millions d’euros de préjudice, faute d’éléments suffisants. Le procès doit durer quatre semaines.