L’exorciste : un peu alambiqué, mais intéressant

L’exorciste : un peu alambiqué, mais intéressant



Alors qu’il officie dans une paroisse de Chicago, le père Thomas est sollicité par la famille Rance.

Katherine est possédée par un démon.

Le père Thomas entre en contact avec le père Marcus et tous les deux vont former un duo d’exorcistes.

Passivité et dépendance malsaine

Katherine, déjà bien possédée par le démon, part d’une soirée, raccompagnée par son père. Ils prennent le métro. Son père ayant eu une attaque vasculaire cérébrale, il a parfois des moments d’absence. Il ne se rend donc pas compte que sa fille est harcelée dans le métro par un individu particulièrement répugnant.

Elle est encore dans son état normal et essaie de se dégager. La rame est bondée, tout le monde regarde pourtant personne ne réagit autour d’elle. Puis, le démon se réveille. Katherine commence donc à tabasser joyeusement son agresseur. À ce moment-là, deux faits surviennent. Un type essaie de s’interposer et tous les autres voyageurs dégainent leur téléphone portable pour filmer Katherine.

Cette scène est glaçante de réalisme. Combien de femmes ont pris le métro, notamment à Paris, ont été importunées, sans que personne réagisse ? Par contre, quand il y a une altercation, le réflexe est de sortir son portable pour jouer les Tintin.

On sait que les gens peuvent être paralysés quand ils assistent à quelque chose de choquant et que tout le monde attend que l’autre fasse un geste. Sauf que dire qu’on a peur quand son réflexe est de filmer la scène ne tient pas. De ce point de vue, la série est assez réaliste.

Complots pas très catholiques

En parallèle de l’exorcisme de la famille Rance, nos deux compères doivent faire face à un complot ourdi par un genre de secte sataniste qui veut tuer le Pape. Sur ce point, on reste sur quelque chose de très classique et on ne compte plus vraiment les théories qui veulent que le Vatican soit en fait, un repère d’âmes damnées.

Le Pape doit se rendre à Chicago et on voit que l’organisation est digne d’une visite présidentielle. Pour autant, la sécurité laisse à désirer comme vous le verrez. On note aussi que dans les préceptes de l’Église catholique, il y a un vœu de pauvreté. Manifestement, il y a quelques chapitres qui n’ont pas été bien appris à l’école.

D’ailleurs, c’est le père Marcus, qui a été excommunié, qui peut sembler plus proche des préceptes religieux, que les autres chefs à plumes de l’Église catholique. Quant au père Thomas, il se cherche un peu, car il est devenu prêtre par accident.

Cela peut paraître trop classique, mais l’ensemble donne un tout très cohérent et assez intéressant, car les personnages sont bien travaillés. On y croit et on entre dans l’histoire sans difficulté. Malheureusement, les audiences de la série n’ont pas été assez bonnes. La Fox a donc annulé la troisième saison, laissant un goût d’inachevé.

Dualité et miroir

Le père Marcus fait des exorcismes depuis très longtemps. Mais, suite à un malencontreux accident, il est viré. Officiellement, il n’est plus prêtre et un concours de circonstances lui fait croiser le chemin du père Thomas.

Leur duo est intéressant, car, il fait miroir. Chacun retrouve dans l’autre ses propres questionnements et met sa foi à l’épreuve, en regardant l’autre. La série est moins une série d’horreur qu’une série philosophique.

Bien entendu, il y a quelques scènes gores, dont celle du métro, qui m’a beaucoup fait rire quand Katherine s’en prend à son agresseur. Mais, si on met de côté les ajouts esthétiques propres au monde de l’horreur, les questionnements soulevés ne sont pas inintéressants.

On retrouve aussi des références au film culte.

Le phénomène de société

J’ai vu l’exorciste assez récemment. Bizarrement, alors que c’est un classique, ce n’est pas un des premiers que j’ai vus. Je dois confesser que je n’ai pas eu peur. Pourtant, tous les reportages et documentaires qui parlent de l’exorciste racontent la même chose : phénomène de société, public terrorisé et même, forme d’hystérie collective.

Pourquoi ? À mon sens, il y a plusieurs éléments. D’une part, le film d’horreur, au moment de la sortie de l’exorciste, n’était pas aussi mainstream qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est considéré comme de la niche, mais, la démocratisation des moyens de diffusion l’a rendu beaucoup plus accessible et plus diversifié.

D’autre part, nous sommes insensibilisés. Attention : certains films sont terrifiants, mais, pas à cause des images gores. À cause de la mise en scène, du jeu des acteurs, des lumières et de l’ambiance sonore. Cela forme un tout cohérent qui instille tranquillement l’angoisse et la terreur dans la tête du spectateur. En un sens, c’est bien, car cela force à sortir d’une zone de confort.

Nous sommes aussi insensibilisés par notre consommation des chaînes d’info en continu et des réseaux sociaux. Dans mon fil X (anciennement Twitter) professionnel, j’ai des députés qui diffusent tous les jours des images de cadavres d’enfants. À chaque fait divers sordide, BFM TV fait un état des lieux très complet, avec quasiment la lecture du rapport du médecin légiste. Dès lors, comment voulez-vous être terrifié par une gamine de 12 ans qui vomit sur un prêtre ?

La série l’exorciste est une bonne série, même si elle a souffert des audiences qui n’étaient pas au rendez-vous. La saison 2 permet de retrouver John Cho, qui confirme qu’il est un excellent acteur. L’exorciste est disponible sur Prime Video.



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