Les dplacements hautement confidentiels d’Emmanuel Macron, de Joe Biden, de Donald Trump, de Kamala Harris et d’autres dirigeants mondiaux peuvent tre facilement suivis en ligne grce une application de fitness utilise par leurs gardes du corps. Ce rapport du journal Le Monde montre la ncessit de mieux rglementer la manire dont les entreprises technologiques peuvent utiliser les donnes des consommateurs.
L’application de fitness Strava est un service Internet amricain de suivi de l’exercice physique qui intgre des fonctionnalits de rseau social. Au dpart, il suivait principalement les activits de cyclisme et de course pied en plein air en utilisant les donnes du systme de positionnement global (GPS), mais il intgre dsormais plusieurs douzaines d’autres types d’exercices, y compris les activits en salle.
Une enqute du journal franais Le Monde a rvl que les dplacements hautement confidentiels du prsident amricain Joe Biden, des rivaux prsidentiels Donald Trump et Kamala Harris, ainsi que d’autres dirigeants mondiaux, peuvent tre facilement suivis en ligne grce l’application de fitness Strava utilise par leurs gardes du corps. Mais les services secrets amricains ont dclar au journal qu’ils ne pensaient pas que la protection qu’ils fournissent ait t compromise de quelque manire que ce soit.
Le Monde a dcouvert que certains agents des services secrets amricains utilisent l’application de fitness Strava, y compris ces dernires semaines aprs deux tentatives d’assassinat contre Donald Trump. Le Monde a galement trouv des utilisateurs de Strava parmi le personnel de scurit du prsident franais Emmanuel Macron et du prsident russe Vladimir Poutine.
Dans un exemple, Le Monde a retrac les mouvements Strava des gardes du corps de Macron pour dterminer que le dirigeant franais avait pass un week-end dans la station balnaire normande de Honfleur en 2021. Le voyage tait cens tre priv et ne figurait pas sur l’agenda officiel du prsident. Selon Le Monde, les dplacements de Melania Trump et de Jill Biden pourraient galement tre localiss en suivant les profils Strava de leurs gardes du corps.
Dans une dclaration au Monde, l’U.S. Secret Service a indiqu que son personnel n’est pas autoris utiliser des appareils lectroniques personnels lorsqu’il est en service lors de missions de protection, mais « nous n’interdisons pas l’utilisation personnelle des mdias sociaux par un employ en dehors de son service« . « Le personnel concern a t notifi. Nous examinerons ces informations afin de dterminer si une formation ou des conseils supplmentaires sont ncessaires. Nous n’estimons pas qu’il y ait eu un impact sur les oprations de protection ou des menaces pour les personnes protges« , a ajout la Commission. Les lieux « sont rgulirement divulgus dans le cadre des communiqus de presse« .
Dans un autre exemple, Le Monde a rapport que le profil Strava d’un agent des services secrets amricains a rvl l’emplacement d’un htel o Joe Biden a sjourn San Francisco pour des entretiens de haut niveau avec le prsident chinois Xi Jinping en 2023. Quelques heures avant l’arrive de Joe Biden, l’agent a fait son jogging partir de l’htel, en utilisant Strava qui a retrac son itinraire, a constat le journal.
Les journalistes du journal disent avoir identifi 26 agents amricains, 12 membres du GSPR franais, le Groupe de scurit de la prsidence de la Rpublique, et six membres du FSO russe, ou Service fdral de protection, tous chargs de la scurit prsidentielle, qui avaient des comptes publics sur Strava et communiquaient donc leurs dplacements en ligne, y compris lors de voyages professionnels. Le Monde n’a pas identifi les gardes du corps par leur nom pour des raisons de scurit.
Selon le journal, les dplacements suivis sur Strava pourraient entraner des failles de scurit, en particulier lorsque les agents de scurit se rendent l’avance dans des lieux tels que les htels o les dirigeants sjournent et organisent des runions.
Le bureau d’Emmanuel Macron a dclar que les consquences des problmes rapports par Le Monde « sont trs lgres et n’affectent en rien la scurit du prsident de la Rpublique« . Les autorits locales sont informes l’avance des dplacements du prsident Emmanuel Macron et les lieux o il sjourne sont toujours entirement scuriss, « le risque est donc inexistant« , prcise le communiqu. « Un rappel a nanmoins t fait aux agents par le directeur de cabinet pour leur demander de ne pas utiliser cette application« , a ajout le bureau de Macron.
La campagne de Kamala Harris a renvoy les commentaires sur la question de la scurit aux fonctionnaires fdraux. En rponse aux questions poses la campagne Donald Trump, un porte-parole du Comit national rpublicain a ritr certaines de ses critiques l’gard de l’administration Biden, mais n’a pas abord la question de la vulnrabilit ni la manire dont la campagne a ragi.
Selon Ibrahim Baggili, informaticien et professeur de cyberscurit l’universit d’tat de Louisiane, les risques de scurit associs aux applications de fitness montrent la ncessit de mieux rglementer la manire dont les entreprises technologiques peuvent utiliser les donnes des consommateurs. Les recherches d’Ibrahim Baggili ont montr comment des acteurs malveillants pouvaient utiliser les donnes d’applications de fitness pour suivre des victimes potentielles, crant ainsi des risques de harclement, de vol et d’autres dlits.
Les consommateurs accordent souvent aux dveloppeurs d’applications le droit d’utiliser ou de vendre leurs donnes lorsqu’ils acceptent les conditions de service, a dclar Baggili. « Les entreprises adorent nos donnes, et nous adorons le produit, alors nous donnons nos donnes gratuitement« , a-t-il dclar. « Le gouvernement doit vraiment commencer svir sur la manire dont les donnes peuvent tre utilises et sur la dure de leur conservation.«
L’identification des gardes du corps prsidentiels – dont certains utilisent leur nom complet sur Strava – pourrait galement permettre de trouver d’autres informations sur leurs adresses personnelles, leurs familles, leurs dplacements et les photos qu’ils ont publies sur divers mdias sociaux, autant d’lments qui pourraient tre utiliss pour faire pression sur eux des fins malveillantes, souligne le rapport.
Source : Le Monde
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