En installant son bloc-moteur à transmission variable continue sur un cadre VTC, Decathlon augmente aussi le prix de ce VAE de 200 euros par rapport au premier modèle Btwin exclusivement urbain. Mais avec ses attributs de baroudeur, ce Rockrider a de sérieux arguments à faire valoir pour justifier ce surcoût.
Après un modèle purement urbain il y a un an, Decathlon intègre enfin son moteur magique Owuru à un vélo tout-chemin. Conséquence directe de la réorganisation récente des marques de l’enseigne nordiste, ce nouveau modèle n’hérite pas de l’appellation Riverside, sacrifiée sur l’autel de la simplification de gamme. Il adopte celle de Rockrider qui regroupe désormais non seulement les VTT, mais aussi les VTC. Cela se confirme avec l’apparition du nouveau logo Decathlon bien en vue sur la tige de selle.
Pourquoi un moteur magique ? Parce que ce bloc disposé au niveau du pédalier — conçu par la société belge E2 Drives — embarque non seulement la motorisation, mais aussi une transmission à variation continue ; qu’on pourrait rapprocher du système CVT cher aux véhicules hybrides de Toyota. Résultat des courses, on oublie tout dérailleur, moyeu de transmission type Nexus/Enviolo et tout sélecteur ou poignée pour commander cela. La seule chose que le pilote a à faire est de déterminer sa fréquence de pédalage (entre 40 et 90 tours par minute) et c’est tout.
Un lot d’équipements supplémentaires et un manque
Avant de revenir sur les avantages et les inconvénients de cette solution, il est d’abord bon de constater les différences entre le LD 920 E commercialisé l’année dernière et son jeune petit frère. La plus visible est bien entendu cette fourche suspendue au débattement de 60 mm. De quoi apporter un regain de confort et un minimum de capacité de franchissement par rapport à la limitée fourche « headshock » de son ainé. Très logiquement, les pneus évoluent également avec une section qui passe de 38 à 47 mm.
À l’arrière, on remarque malheureusement la disparition de l’antivol de cadre qui permettait de bloquer la roue, pratique par exemple pour un arrêt-minute devant la boulangerie sans avoir à chercher un point d’ancrage où accrocher son vélo. Le porte-bagages gagne en revanche la norme MIK HD, pratique pour accrocher des sacoches, mais aussi un siège enfant (jusqu’à 27 kg).
On monte aussi en gamme côté selle avec un confortable modèle de Selle Royal. Autre point de contact qui connaît une évolution : les poignées. Habillée façon liège, elles gagnent aussi des cornes. Bien pratiques sur les modèles musculaires pour proposer une position permettant un meilleur effort, elles sont ici surtout utiles pour changer de posture lors de longs trajets.
Un écran mieux positionné
Pour contrôler l’ensemble bloc/transmission, Decathlon a extrait l’écran de la potence, comme c’était le cas sur le LD 920 E. Cela s’explique notamment par le fait que celle de ce Rockrider soit réglable en hauteur. Laisser l’écran intégré aurait ainsi fortement changé son angle de vision lorsque la potence est en position haute. On y gagne au passage en visibilité : situé plus à l’avant, il nécessite de moins baisser la tête pour le regarder.
En dessous de cet écran, deux nouveaux boutons (trois en tout), suppléent le joystick auparavant situé sur le cintre, remplacé ici par une commande à trois boutons. Ces trois derniers servent à régler le niveau d’assistance (quatre en tout) et aussi la fréquence de pédalage désirée. Les trois boutons en dessous de l’écran permettent quant à eux de naviguer entre les différents compteurs et les réglages du vélo. Tout cela s’apprivoise en quelques minutes pour rapidement prendre en main l’interface.
Du très bon…
Pour qui n’a jamais piloté ce type de vélo, les premiers instants derrière son guidon peuvent être déroutants. Sans sélecteur sous le pouce, on a souvent le réflexe de vouloir tomber quelques rapports à l’approche d’un feu rouge pour anticiper le redémarrage. Mais avec l’E-ACTV 900, c’est tout sauf nécessaire puisque le bloc moteur/transmission Owuru s’occupe justement de tout !
La transmission variable continue choisit elle-même le meilleur rapport possible en fonction de la situation : sur le plat, dans une montée, au démarrage, il suffit simplement de pédaler au rythme défini. Un régal de facilité. Les 65 Nm du moteur délivrent qui plus est un bel apport de puissance. Dans des pentes relativement raides à 7 % voire un peu plus, il entraîne les 26 kilos de la bicyclette à presque 25 km/h sans avoir à fournir un effort de pédalage supplémentaire. Au démarrage, il s’avère ultra vif, parfait pour bondir avant tout le monde dès que le feu passe au vert.
…Et un tout petit peu de moins bon
Mais il existe deux revers à cette brillante médaille. Tout d’abord, il est difficile avec ce système de dépasser à la seule force de la pédale la vitesse limite de l’assistance. Au-delà de 25 km/h, point de salut. À moins de fournir un effort considérable qui ne vaut clairement pas les 2 ou 3 km/h gagnés ainsi. Il devient alors difficile de donner le petit coup de collier parfois nécessaire pour dépasser par exemple rapidement le vélo devant soi qui roule 1 ou 2 km/h plus lentement. Parfois agaçant.
Deuxièmement, cette transmission à variation continue produit toujours cette légère vibration entre 17 et 19 km/h. Elle ne dure qu’une seconde, elle n’est pas gênante en soi, mais on la sent tout de même systématiquement, un léger manque d’agrément qui tranche justement avec celui incontestable apporté par ailleurs par l’ensemble du système.
Plus tranchant et sécurisant que son ainé
Lors de notre essai du LD 920 E, nous avions déjà été conquis par cet agréable bloc Owuru, mais restions circonspects quant à ses aptitudes dynamiques. On se souvient notamment de ce centre de gravité relativement haut qui empêchait d’aborder les courbes en pleine confiance. Très bonne nouvelle, ce Rockrider fait beaucoup mieux sur ce point. Malgré sa conception semi-rigide, nous l’avons trouvé plus agile que son grand frère. On se sent en sécurité dans les virages, bien aidé certainement par les pneus à la section plus large et au dessin plus à l’aise sur terrain humide et gras.
S’il est difficile de dépasser les 25 km/h sur le plat, une belle descente nous a permis de franchir la barre des 50 km/h et d’apprécier la stabilité du train roulant, sans aucune vibration intempestive. Sorti du bitume, il s’avère également à l’aise sur des chemins gravillonneux ou sur les pavés. Là, la fourche joue bien son rôle, d’autant plus qu’elle est réglable grâce à un astucieux système qui permet de l’adapter à son poids : c’est lisible et facile à ajuster. Un point essentiel pour éviter que l’amortissement soit trop souple et que le vélo plonge au freinage. Question confort, on aurait cependant aimé une tige de selle suspendue pour apporter un peu plus de souplesse à l’arrière du vélo. D’après Decathlon, cette intégration était difficile, car rendant impossible son réglage pour les personnes de moins de 1 m 65. Un argument tout à fait juste, mais la proposer en option aurait néanmoins été une bonne idée.
L’autonomie toujours à la hauteur
Dans cette utilisation tout-chemin, on est également bien aidé par le pignon qui passe de 23 à 26 dents ici, permettant un développement plus adapté. Nous avons en revanche remarqué que les deux galets tendeurs de la chaîne continuent à émettre un bruit de roulement qui tranche malheureusement avec le silence du bloc conçu par E2 Drives. Une courroie réglerait certainement ce problème, mais cette solution a aussi le défaut d’être plus chère.
Enfin, l’autonomie permise par sa puissante batterie de 694 Wh est toujours à la hauteur. En mode d’assistance turbo (le plus puissant), nous avons parcouru un peu plus de 50 km sur un trajet extrêmement vallonné où l’assistance était très sollicitée. Dès que le profil se fait plus plat, on atteint presque les 70 km. En modulant l’intensité de l’assistance, les 100 kilomètres sont donc accessibles.
Nous avons également noté une différence de comportement à l’approche de la fin de la batterie. À 20 % de batterie restante, le LD 920 E empêchait d’accéder au mode turbo et à 10 %, seul l’éco était proposé. Ce n’est désormais plus le cas avec ce Rockrider qui permet l’utilisation du mode turbo jusqu’aux 5 % fatidiques. Là, il adopte le même comportement que son ainé et coupe toute assistance pour préserver l’utilisation des éclairages. Dans ce cas, il devient alors difficile de dépasser les 10 km/h.
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