Le fondateur et président de Crosscall, Cyril Duval (au centre), lors de la présentation des deux derniers smartphones durcis de la marque, Stellar-M6 et Stellar-M6E. Ph. Moctar KANE
Depuis deux ans le fabricant français de smartphone Crosscall témoigne d’une volonté de faire enfin un téléphone européen, voire en France. L’argument ? Cette relocalisation doit permettre d’optimiser le temps de fabrication et de livraison. Le point sur ce projet avec Cyril Duval, le président de Crosscall, à l’occasion du lancement des modèles Stellar-M6 et Stellar-M6E.
ZDNET France : Où en est votre projet de fabrication de smartphones en France ou en Europe ?
Cyril Duval (Crosscall) : Avant le COVID, c’[était] déjà notre ligne (…) : il faut réindustrialiser. Et de fait, on passe le COVID dans la douleur puisqu’on a plus de produits. Puis arrive il y a deux ans une crise mondiale, des guerres, l’inflation, des augmentations [du prix] de l’énergie, des coûts d’investissements et des augmentations des taux. Bref, notre capacité d’investir a évolué, mais malheureusement pas dans le bon sens.
« Nous gardons l’objectif de réindustrialiser, d’assembler à minima »
Mais nous gardons l’objectif de réindustrialiser, d’assembler à minima, d’injecter nos plastiques ici. Et on a déjà commencé avec les accessoires. Le X-Scan [accessoire qui transforme un smartphone Crosscall en lecteur laser de codes] est fait en France, du début à la fin.
On assemble aussi d’autres produits en France avec un partenaire qui s’occupe de toute la partie SAV. On va sortir à peu près 4000 produits comme ça pour un client institutionnel français.
Nous voulons aussi que les entreprises françaises puissent nous permettre d’avoir de la visibilité en commandant bien plus des produits français et plus particulièrement Crosscall. La promesse [de qualité] est là.
Vous le reconnaissez, l’État vous aide déjà…
Aujourd’hui un certain nombre d’aspects nous rendent la commande publique favorable.
Mais demain, si je produit en France, je dois aussi pouvoir bénéficier d’une préférence. Parce que localement j’aurai un impact positif sur l’emploi, sur la fiscalité, etc.
Quand on joue le jeu, c’est normal d’avoir le bénéfice de tous ses investissements. En Corée, je ne suis pas certain que tout l’État coréen utilise du produit Apple.
Côté production de smartphone en France, l’enjeu n’est-il pas d’atteindre une taille critique ?
Oui. Nous commençons à assembler des smartphones en France. Mais à un niveau plus élevé, la vraie production sur un volume conséquent, c’est un projet qui doit encore aboutir.
Un projet de cette envergure, ce sont des dizaines de millions d’euros d’investissement. Et surtout on doit le faire de manière structurée et par étapes.
Dans le contexte actuel, l’argent cela coûte cher, beaucoup plus cher qu’il y a deux ans. Et l’énergie coûte plus cher.
Il faut donc rester compétitif tout en créant un projet souverain. Bref, plus on aura de commandes, plus on accéléra le calendrier.