La désinformation endémique sur X (anciennement Twitter) et l’absence de modération risquent de coûter cher au réseau social. Fort des prérogatives du DSA, la commission européenne a lancé une enquête en fin d’année dernière, et c’est maintenant Reporters sans frontières qui porte plainte en France.
Une drôle de vidéo a circulé sur X/Twitter à la fin de l’été. Estampillée BBC et reprenant des éléments de la charte graphique de Reporters sans frontières, elle affirmait faussement que RSF était l’auteur d’une étude sur les penchants nazis de militaires ukrainiens. Un mensonge propagé par le Kremlin pour justifier l’invasion de l’Ukraine.
« X complice de la désinformation »
L’organisation a fait son enquête, révélant l’implication du ministère des Affaires étrangères russe et de deux ambassades du pays. Surtout, RSF a demandé à Twitter de faire son travail de modération, en utilisant la plateforme européenne mise en place dans le cadre du règlement pour les services numériques (DSA) que le réseau social doit respecter. Dix signalement ont été réalisés.
Mais « après une première série de refus et de demandes d’informations complémentaires, auxquelles nous avons répondu, aucune de nos requêtes n’a abouti au retrait des contenus diffamant notre organisation », déplore RSF. Les retours de Twitter aux signalements ressemblaient fort à des messages automatiques, sans supervision humaine.
Devant l’absence de modération d’un contenu complètement bidonné qui a tout de même atteint un demi-million de vues sur X et Telegram, RSF a donc porté plainte contre la société d’Elon Musk pour « diffusion de fausses nouvelles, atteinte à la représentation de la personne, usurpation d’identité et complicité ».
Dans la foulée, l’organisation porte aussi plainte pour diffamation contre l’auteur du premier post identifié ayant relayé la vidéo. Le compte en question, « Patricia », est notoirement connu pour son comportement haineux et pour amplifier la désinformation.
« En refusant de supprimer les contenus qu’elle sait faux, pour en avoir été dûment informée par nos soins, X se rend complice de la désinformation qui circule sur sa plateforme », accuse Antoine Bernard, directeur du plaidoyer et de l’assistance de RSF. « Elle met aujourd’hui à disposition de ceux qui propagent le faux, cherchent à tromper et manipuler les opinions publiques, un arsenal de moyens et une visibilité exceptionnels tout en assurant une parfaite impunité à leurs auteurs ».
Ces plaintes interviennent dans un contexte de plus en plus compliqué pour Twitter. La Commission européenne a ouvert une enquête en décembre dernier, puis transmis ses conclusions préliminaires cet été : le réseau social enfreint bel et bien le DSA. Reporters sans frontières a d’ailleurs travaillé avec la régulateur en apportant son témoignage et les pièces à conviction concernant ses signalements.
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Source :
RSF