Contrairement à ce qu’il l’avait laissé entendre, Orange prévoit bien en France un vaste plan de départs volontaires, qui pourrait concerner entre 6 000 et 8 000 salariés sur un effectif de 65 000 employés. Selon une information du journal Le Monde, confirmée par France Info, l’opérateur télécom réactiverait son dispositif temps partiel senior (TPS). Le dernier en date, achevé en 2022, avait vu le départ de quelque 7 600 salariés.
Présenté aux organisations syndicales le 7 novembre et ouvert à négociation jusqu’en janvier , ce nouveau TPS couvrirait la période 2025-2028 et concernerait les salariés justifiant de quinze années d’ancienneté et dont l’année de départ à la retraite est compris entre 2026 et 2033.
Le dispositif pourrait être activé par le salarié jusqu’à cinq ans avant son départ à la retraite. La première année, il travaillerait à 50 % et percevrait 70 % de son salaire. Les quatre années suivantes, il serait dispensé de toute activité et serait payé à 60 %, avec un minimum de rémunération garanti. A noter que l’accord sur l’emploi des seniors que vient de trouver les syndicats et le patronat prévoit justement un accès progressif à la retraite à partir de 60 ans.
Les effectifs ont fondu d’un tiers en dix ans
Interrogé par Le Monde, Vincent Lecerf, DRH d’Orange évoque une nécessaire adaptation des effectifs du groupe, dans une contexte où « les évolutions technologiques et les nouveaux usages numériques provoquent une transformation profonde et rapide du secteur des télécoms ». D’autres opérateurs historiques en Europe, comme Telefónica, Vodafone, BT ou Deutsche Telekom, ont lancé des plans de départs ces deux dernières années.
En dix ans, les effectifs d’Orange en France ont fondu d’un tiers, rappelle le quotidien, pour tomber à 65 000 salariés, dont 11 000 fonctionnaires, avec une moyenne d’âge de 49 ans. Imaginé par Stéphane Richard, l’ancien PDG d’Orange, après la crise des suicides de 2008-2009, le TPS, « outil d’apaisement social », est devenu un moyen de réduire « à bas bruit » la masse salariale. Le nouveau plan pourrait être assorti d’une promesse d’embauche. Le précédent prévoyait 8 000 recrutements.
« C’est en réalité un immense plan social qui vise à faire partir les personnels les plus âgés », juge Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC d’Orange, sur France Info. Non pas en raison d’une dégradation de sa situation financière mais pour délocaliser et sous-traiter. Le syndicaliste donne, pour exemple, le plan de 640 suppressions de postes chez Orange Business qui vise à « délocaliser ces emplois à l’île Maurice. »
Sébastien Crozier entend se montrer extrêmement vigilant pour que ce nouveau TPS qui peut apparaître comme une opportunité ne se transforme pas en « outil de violence sociale. » Ce dispositif « peut être souhaité par une série de collaborateurs qui sont épuisés nerveusement et psychologiquement par la violence sociale et la pression mises à les faire partir. »
Appel à la démission de la direction actuelle
Le responsable syndical rappelle que l’équipe de l’ancien PDG, Didier Lombard, à l’origine de la vague de suicides en 2008 et 2009, avait déjà mis en place des outils de même nature. Un rappel à un épisode douloureux de l’ex France Télécom alors qu’Orange connaît une nouvelle recrudescence de suicides.
Une dizaine de gestes désespérés auraient été recensés depuis un an dont quatre depuis début octobre. Un cas aurait été reconnu par l’Assurance maladie comme accident du travail.
Sébastien Crozier appelle à la démission de la direction actuelle, qui a été « parachutée par le précédent ministre de l’Économie, sans compétence du secteur des télécoms ». A l’évidence, elle n’a « pas appris de l’histoire » et n’a pas « entamé un dialogue social qui leur aurait permis de comprendre ce qui s’est passé et ce qu’il ne faut pas faire ».