Peu après 4 heures du matin ce lundi 18 novembre, une « défaillance » a été détectée au niveau du câble sous-marin C-Lion1 qui relie la Finlande à l’Allemagne. « Les détails de la panne ne sont pas encore connus et font actuellement l’objet d’une enquête », a indiqué l’opérateur télécom finlandais Cinia qui opère cette infrastructure.
Le câble en question a été sectionné dans la mer Baltique, dans la zone économique exclusive suédoise, à l’est de la pointe sud d’Öland, à environ 700 km d’Helsinki, la capitale de la Finlande. Des mesures correctives ont été mises en place et un navire de réparation s’est rendu sur le site.
Alors que « le temps de réparation des câbles sous-marins est généralement compris entre 5 et 15 jours », Cinia se veut confiant sur sa capacité de résilience. L’opérateur rappelle, dans un communiqué, que « les connexions internationales de télécommunications de la Finlande sont acheminées par plusieurs voies » et ne dépendent pas d’un seul câble.
Sabotage concomitant d’un câble voisin
Lancé en 2016, C-Lion1 est un câble sous-marin d’une longueur de 1 173 km qui relie les réseaux de télécommunications d’Europe centrale à la Finlande et à d’autres pays nordiques.« Pour l’instant, il n’est pas possible d’évaluer la raison de la rupture du câble, mais ce type de rupture ne se produit pas dans ces eaux sans impact extérieur », a précisé Cinia.
La Finlande paie-t-elle son adhésion à l’Otan ? L’idée d’un sabotage est, en tout cas, dans toutes les têtes. Quelques heures plus tard, l’opérateur suédois Telia signalait, dans la même zone de la mer Baltique, la section d’un autre câble sous-marin de télécommunications reliant cette fois la Lituanie à la Suède. « Les deux câbles se croisent dans une zone de seulement 10 mètres carrés », a indiqué un porte-parole de Telia.
La mer Baltique a connu d’autres « incidents » dans un passé récent. En septembre 2022, le gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne avait explosé. Survenant peu après le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les deux belligérants ont été tour à tour mis en cause sans que l’affaire ne soit élucidée.
Un an plus tard, c’est un autre gazoduc sous-marin, situé entre la Finlande et l’Estonie, qui avait dû être fermé après des dommages provoqués par une ancre d’un cargo chinois. Il n’avait pas été possible de déterminer si les dégâts occasionnés étaient d’origine accidentelle ou intentionnelle.
Les câbles sous-marins, un enjeu de résilience
Cette fois, c’est vers la Russie que se porte les soupçons. Dans un communiqué commun, les ministres des Affaires étrangères d’Allemagne, Annalena Baerbock, et de Finlande, Elina Valtonen, se disent « profondément préoccupées ». « Le fait qu’un tel incident suscite immédiatement des soupçons de dommages intentionnels en dit long sur l’instabilité de notre époque. »
Pour les deux ministres, « notre sécurité européenne n’est pas seulement menacée par la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, mais aussi par la guerre hybride menée par des acteurs malveillants. La protection de nos infrastructures essentielles communes est essentielle à notre sécurité et à la résilience de nos sociétés. »
« Artères vitales » du trafic internet mondial, les câbles sous-marins constituent des cibles de choix pour la collecte de renseignements ou le sabotage. En février dernier, la Commission européenne appelait les États-membres à cartographier les risques potentiels et à inclure la protection des infrastructures de communication sous-marines dans leur stratégie nationale de cybersécurité.
Les câbles de fibre optique sous-marins constituent aussi un enjeu de souveraineté technologique. L’État français a récemment racheté Alcatel Submarine Networks, une filiale de Nokia spécialisée dans la fabrication et la pose de câbles sous-marins.