Un « jumeau numérique de la Terre ». L’ambition portée par Jorg Neumann, responsable du jeu vidéo Microsoft Flight Simulator, est de taille pour le nouvel opus de la célèbre licence de simulation de vol, sorti mardi 19 novembre. Quatre ans après le succès de la version 2020 – achetée par quinze millions de joueurs (sur les 45 millions revendiqués par la franchise depuis sa création en 1982) –, Microsoft Flight Simulator 2024 est présenté comme un pas de plus vers une simulation au réalisme confondant.
Les fondamentaux restent les mêmes : le joueur peut prendre les commandes d’un Cessna 150, un avion-école très répandu, au bout d’une piste en herbe, moteurs déjà allumés. Ne lui reste plus qu’à pousser sa manette de gaz, laisser rouler et tirer lentement son joystick pour décoller, avant d’admirer son environnement. Ou embarquer à bord d’un Airbus A330, tous systèmes éteints et stationné à la porte d’un aéroport international. Le « flight simmer » aura à mettre en route l’appareil en respectant les différentes procédures, élaborer son plan de vol, communiquer avec la tour de contrôle pour obtenir les autorisations nécessaires, etc.
Les paramètres modifiables restent, eux aussi, inchangés : la météo, la densité du trafic aérien (mais aussi routier ou maritime), les aides au pilotage ou encore la programmation de pannes. Alors quels véritables changements par rapport à Microsoft Flight Simulator 2020, successeur d’un vieillissant Flight Simulator X sorti en 2006 ? Il faut savoir que MSFS 2020 est, à ce jour, toujours considéré comme une simulation de transport très aboutie, dont le contenu ne cesse de s’étoffer au fil de mises à jour régulières et grâce à des logiciels tiers payants (nouveaux avions, contrôle aérien généré par intelligence artificielle, etc.).
500 villes reproduites de façon ultra-détaillée
Paradoxalement, pour un simulateur où le ciel est le principal terrain de jeu, c’est bien au sol que les améliorations s’annoncent spectaculaires : « Par rapport à MSFS 2020, nous sommes 4 000 fois plus précis concernant le niveau de détail du sol », se félicitait Sebastian Wloch, cofondateur et PDG d’Asobo, le studio bordelais qui développe le jeu, lors d’une présentation à la presse, mi-octobre. Il sera dorénavant possible de quitter le cockpit et de marcher autour de son aéronef, à la manière d’un open-world. En outre, les développeurs promettent des textures (herbe, roche, sable…) et des lumières plus fidèles à la réalité, que ce soit dans les aéroports, les villes ou les espaces naturels.
Pour parvenir à ce résultat, Asobo a entrepris un travail de photogrammétrie, une technique qui consiste à obtenir une modélisation 3D à partir de photos satellites. Cette méthode a permis de reproduire de façon ultra-détaillée 500 villes et 100 000 kilomètres carrés (l’équivalent de la Corée du Sud) de paysages ruraux, situés principalement en Amérique du Nord et en Europe. Le reste du monde a été généré par génération procédurale, c’est-à-dire que les paysages ont été créés par algorithme.
Si le contenu sera plus détaillé, en sera-t-il plus lourd ? Les développeurs promettent des temps de chargement raccourcis et une fluidité in-game en stockant une immense partie du contenu dans le cloud et en ne chargeant que ce que le joueur voit. Là où il était recommandé de réserver 150 Go de stockage pour MSFS, 50 Go pourraient désormais suffire, à en croire Microsoft. Du reste, le jeu est extrêmement gourmand en ressources, notamment pour le processeur, ce qui inquiète les « simmers », redoutant un manque de fluidité (lag).
Un mode « carrière » pour casser la monotonie
Flight Simulator 2024 impressionnera par son aspect contemplatif. Mais il n’en demeure pas moins un jeu centré sur l’expérience de pilotage. Sa version la plus complète – la plus onéreuse aussi – propose 125 aéronefs (avions de ligne, hélicoptères, avions militaires, jets, planeurs, avions bombardiers d’eau…) dont le modèle de vol (l’ensemble des caractéristiques de l’appareil), est promis comme plus fin que précédemment.
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Côté gameplay, le mode « carrière » est la grande nouveauté : les pilotes virtuels seront amenés à passer des qualifications, à commencer par le PPL (Private Pilot Licence, licence de pilote privé), pour découvrir de nouveaux appareils et débloquer des missions. Aviation de tourisme, assistance médicale, extinction d’incendies, épandage ou encore publicité permettront de gagner de l’argent virtuel qu’il est possible de dépenser pour passer des examens ou se constituer une flotte d’appareils. Ainsi, MSFS 2024 entend combler le manque d’objectifs qui faisait défaut à son prédécesseur et allonger sa durée de vie.
Reste que durant quatre années, des millions de joueurs ont investi dans du contenu additionnel, sans compter le jeu et le matériel (PC, joysticks…). Et il se pourrait qu’une partie d’entre eux reste fidèle à la version de 2020, faute de moyens. Mais la promesse d’un jeu amélioré, à partir d’une base excellente, avec des fonctionnalités plébiscitées par les joueurs grand public comme les passionnés d’aéronautique semble préfigurer un succès inévitable.