A une échelle moindre que la fabrication et l’utilisation des terminaux ou l’exploitation des datacenters, les réseaux télécoms contribuent à creuser le bilan carbone du numérique. En France, la consommation électrique des quatre grands opérateurs commerciaux – Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free – a augmenté en moyenne de 6 % par an entre 2017 et 2021, pour atteindre presque 4 TWh, selon un rapport du think tank The Shift Project.
Une des pistes pour la décarbonation de la filière télécoms passe par le recours aux énergies renouvelables. Bouygues Telecom fait le choix du solaire. L’opérateur vient de signer un contrat de dix ans avec le groupe norvégien Statkraft, premier producteur européen d’énergies renouvelables.
L’énergie solaire sera fournie dès début 2025 par deux centrales photovoltaïques françaises récemment mises en service, fournissant 13 GWh/an. Trois autres centrales photovoltaïques, opérationnelles d’ici mi 2025, renforceront cette production pour un volume total de 35 GWh/an.
Statkraft, un géant européen du renouvelable
En contractant avec Statkraft, Bouygues Telecom privilégie un mode d’approvisionnement de long terme et à prix fixe. Baptisé Corporate Power Purchase Agreement (CPPA), le contrat signé repose sur le principe de la vente de gré à gré ou Power Purchase Agreement (PPA). Offrant une visibilité sur la durée, ces CPPA permettent aux spécialités des énergies renouvelables de sécuriser leurs financements pour investir dans de nouvelles fermes solaires.
Présent en France depuis plus que 15 ans, Statkraft se constitue progressivement un portefeuille de parcs éoliens et solaires. Après avoir réalisé plus de 2,6 milliards d’investissement en 2024, le groupe norvégien, qui emploie environ 7 000 collaborateurs dans plus de 20 pays, entend se concentrer sur ses marchés historiques en Europe cédant ses actifs aux Pays-Bas, en Croatie et en Inde.
De son côté, Bouygues Telecom fait du recours aux énergies renouvelables est un des leviers d’action de sa stratégie climat. Validés par l’initiative Science Based Targets (SBTi), ses objectifs de réduction d’émission carbone à horizon 2027 sont de soit 29,4 % pour les scopes 1 et 2 (émissions directes et émissions indirectes liées à l’achat d’énergie) et de 17,5% pour le scope 3 (les autres émissions indirectes dont l’achat de services), en prenant 2021 comme année de référence.
Iliad fait aussi le choix du photovoltaïque
En faisant le choix du solaire, Bouygues Telecom suit la voie empruntée par Iliad. La maison mère de Free annonçait, en février dernier, signer des contrats d’achat de type PPA auprès d’Engie et Statkraft pour la fourniture d’énergies renouvelables dans les trois pays où elle opère.
Les communes de Sainte-Gemme en France (Charente-Maritime), Latina en Italie et Resko en Pologne abriteront les fermes photovoltaïques dont iliad s’est engagé à acheter la production pour les dix à quinze ans à venir, à compter de leur mise en service en 2025.
En tenant compte du premier PPA annoncé en janvier 2023 – un parc solaire situé dans les Landes avec Engie -, iliad porte à près de 140 GWh la capacité de production d’électricité renouvelable. Soit l’équivalent de la consommation domestique annuelle d’une ville comme Quimper.
Sur le plan réglementaire, les opérateurs télécoms sont tenus de communiquer sur les actions mises en place pour réduire leur empreinte environnementale. Promulguée le 15 novembre 2021, la loi Réduire l’empreinte environnementale du numérique (REEN) stipule que « les opérateurs de communications électroniques devront publier des indicateurs clés récapitulant leurs engagements en faveur de la transition écologique. »
« Verdir » les réseaux télécoms constitue aussi un enjeu d’image. Des engagements forts pour préserver la planète sont à même de rassurer des abonnés de plus en plus sensibles aux sujet environnementaux, en particulier ceux issus des générations Y et Z.