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Android peut-il vraiment devenir un système d’exploitation d’ordinateurs portables à écran tactile ? Google est confronté à des défis et à des opportunités alors qu’il re-imagine en ce moment Android pour des appareils de plus grande taille et des flux de travail axés sur la productivité.
La compatibilité Android est déjà intégrée dans la plupart des Chromebooks Arm et x86. Toutefois, la qualité de cette expérience varie considérablement d’un appareil à l’autre et d’une application à l’autre. Certaines applications Android s’exécutent de manière transparente sur les Chromebooks, offrant des fonctionnalités fluides qui donnent l’impression d’être utilisées comme sur un ordinateur portable.
En revanche, d’autres applications souffrent de problèmes de performance ou de bizarreries de compatibilité, de problèmes de saisie tactile ou de prise en charge limitée d’un clavier ou d’un trackpad. Pour qu’Android réussisse en tant que système d’exploitation pour ordinateurs portables, Google doit s’attaquer directement à ces incohérences.
Le défi : la gestion des grands écrans par Android
Depuis ses débuts sur les tablettes en 2010, Android a eu du mal à s’adapter aux grands écrans. De plus les développeurs, motivés par le marché massif des smartphones, ont souvent négligé les tablettes. Conséquence, le Play Store ne propose toujours qu’une sélection limitée d’applications optimisées pour les tablettes ou les Chromebooks. A comparer à l’écosystème robuste de l’iPad d’Apple.
Ce problème est aggravé par la personnalisation OEM, qui permet aux fabricants d’installer leurs propres skins, applications préinstallées et modifications de design sur les appareils Android. L’interface One UI de Samsung, par exemple, propose des fonctionnalités et des conceptions qui s’écartent considérablement de l’Android standard.
De quoi créer des expériences incohérentes d’un appareil à l’autre. Si ces modifications peuvent apporter une valeur ajoutée, elles exacerbent également la fragmentation.
Certes, Google s’est efforcé de rationaliser les mises à jour et de réduire la fragmentation grâce à des initiatives telles que Project Treble. Ce framework est conçu pour simplifier le processus de mise à jour d’Android en séparant le système d’exploitation des personnalisations OEM. Mais depuis son lancement, il y a 7 ans, n’a pas été une solution miracle.
Ce que Google doit faire pour faire d’Android un véritable OS pour ordinateur
1. Refondre Android pour les écrans plus grands
L’interface d’Android est utilisable sur les écrans de grande taille, mais n’ jamais été vraiment optimisée. Et son implémentation actuelle n’est pas à la hauteur de MacOS, Windows ou iPadOS. L’interface a besoin d’une mise à jour majeure si Google veut vraiment faire d’Android un système d’exploitation d’ordinateur.
- La gestion des fenêtres. C’est l’une des premières choses à changer. Sur un ordinateur portable, les utilisateurs s’attendent à pouvoir ouvrir plusieurs applications dans des fenêtres redimensionnables et déplaçables. La fonctionnalité d’écran partagé d’Android, bien que fonctionnelle sur les smartphones et les tablettes, est encombrante et rigide sur les Chromebooks. Elle n’a pas la fluidité de MacOS ou de Windows, où le multitâche est une seconde nature.
- Navigation. Les gestes d’Android sont conçus pour les écrans tactiles. Mais un ordinateur portable requiert plus de flexibilité. Une expérience transparente entre les entrées tactiles, le trackpad, le clavier et le stylet est essentielle. Mais Android peine à intégrer ces outils de manière naturelle. Par exemple, passer d’une application à l’autre à l’aide d’un trackpad ressemble souvent à une solution de contournement plutôt qu’à une fonctionnalité intégrée.
- La prise en charge du multi-affichage. Le branchement d’un moniteur externe montre à quel point Android n’est pas préparé pour le multitâche sur des configurations plus grandes. L’expérience ressemble davantage à un bricolage qu’à une solution aboutie. Dans ce domaine, Google pourrait s’inspirer de MacOS.
- Paramètres et notifications rapides. Ces fonctionnalités, qui ont toujours été conçues pour les appareils mobiles, doivent être entièrement repensées pour les ordinateurs portables. Imaginez une interface similaire au centre de contrôle de MacOS qui permet un accès rapide aux paramètres essentiels sans encombrer l’écran. L’implémentation actuelle d’Android n’est pas adaptée à un environnement de productivité.
2. Repenser le multitâche : le talon d’Achille d’Android
Le multitâche a toujours été l’un des points faibles d’Android sur les grands écrans. La fonctionnalité d’écran partagé est trop rigide.
Pour qu’Android fonctionne à merveille sur les ordinateurs portables, il faut une véritable flexibilité dans l’agencement des programmes. Imaginez que vous puissiez glisser et déposer les fenêtres des programmes n’importe où sur l’écran et les redimensionner librement pour les adapter à votre flux de travail.
La persistance des états de ces programmes est également essentielle. Les utilisateurs ne devraient pas avoir à rouvrir leurs programmes et à configurer leur espace de travail à chaque redémarrage. En s’inspirant de Mission Control de MacOS ou de Task View de Windows, Android pourrait également introduire des bureaux virtuels pour séparer les flux de travail dans des espaces dédiés.
3. Construire un écosystème florissant de programmes
Bien entendu, tout cela n’a aucune importance si les applications/programmes Android n’évoluent pas pour répondre aux exigences des ordinateurs portables et des tablettes. Un solide écosystème de programmes est l’épine dorsale de tout système d’exploitation. Et bien qu’Android dispose d’une vaste bibliothèque d’applications, celles-ci sont en grande majorité optimisées pour les smartphones.
Google dispose des outils nécessaires pour remédier à la carence d’applications destinées à des tailles supérieures d’écran. L’amélioration des ressources destinées aux développeurs, telles que Jetpack Compose et Android Studio, pourrait faciliter la création d’applications adaptatives et les rendre plus intuitives.
Mais les outils ne suffiront pas à résoudre le problème. Google doit encourager les développeurs en leur offrant de véritables récompenses :
- Soutiens financiers
- Réduction des frais d’utilisation du Play Store
- Voire campagnes promotionnelles spéciales pour les applications qui respectent les normes d’optimisation. Imaginez un badge Play Store pour les applications « Meilleures sur les tablettes », mis en évidence pour attirer les téléchargements
En outre, Google pourrait fournir aux développeurs des indicateurs de performance détaillés, afin de leur donner un aperçu des performances de leurs applications sur les Chromebooks et les tablettes et de les aider à identifier les points à améliorer.
4. Améliorer les performances : la base non négociable
Les performances d’Android doivent être améliorées. L’exécution d’applications Android sur les Chromebooks donne souvent l’impression d’être incohérente. Certaines fonctionnent parfaitement. D’autres ont des problèmes de compatibilité. Pour un ordinateur portable, c’est tout simplement inacceptable.
Une solution est d’assurer la prise en charge des applications natives pour les architectures ARM et x86. Ce qui élimine le besoin d’émulation. Les performances natives garantissent un multitâche plus fluide, des temps de chargement plus rapides et une expérience plus fiable. En outre, Google doit introduire des API spécifiques aux ordinateurs portables qui tirent parti de caractéristiques matérielles telles que :
- Les stylets
- Les trackpads de haute précision
- Les écrans tactiles multiples
L’accélération matérielle, en particulier pour les programmes fenêtrées, améliorerait encore la réactivité et ferait d’Android un concurrent plus viable de MacOS et de Windows.
5. Tirer parti de l’IA Gemini : l’avenir de la productivité
Les domaines fonctionnels mentionnés ci-dessus sont autant d’occasions pour Google de rattraper MacOS, iPadOS et Windows. Cependant, un domaine dans lequel Android pourrait surpasser ses concurrents est celui de l’intelligence artificielle. En particulier grâce à Gemini AI.
Imaginez une assistance multitâche intelligente qui apprendrait de vos habitudes et vous suggérerait des combinaisons de programmes pour les configurations en écran partagé. Par exemple, si vous prenez régulièrement des notes lors d’appels vidéo, Gemini pourrait automatiquement ouvrir votre application de vidéoconférence préférée en même temps que votre application de prise de notes.
L’IA de Gemini pourrait également révolutionner la création de contenu en ajoutant des fonctionnalités telles que :
- Le résumé automatique dans Google Docs
- Des suggestions de formatage
- Des outils de collaboration en temps réel
Pour les utilisateurs qui préfèrent l’interaction en mains libres, les gestes et les commandes vocales pilotés par l’IA pourraient rendre la navigation dans les applications ou la présentation de diapositives plus intuitives.
Le potentiel d’optimisation du système de Gemini est peut-être le plus intéressant. En surveillant l’utilisation des ressources, il pourrait :
- Recommander des moyens d’améliorer l’autonomie de la batterie
- Allouer plus efficacement la puissance de traitement
- Prédire les goulets d’étranglement avant qu’ils ne se produisent
Pourquoi il est temps pour Google d’agir
Alors qu’Apple et Microsoft affinent leurs écosystèmes, Google risque de se laisser distancer. La fusion de ChromeOS et d’Android représente une chance de repenser le rôle d’Android dans le paysage informatique. En s’attaquant à ses problèmes de longue date, notamment la fragmentation et les lacunes de l’écosystème des applications, Google pourrait positionner Android comme une véritable alternative à MacOS, iPadOS et Windows.
L’avenir de l’informatique hybride dépend de la manière dont Google relèvera ces défis. Android parviendra-t-il à répondre aux exigences des ordinateurs portables modernes ou restera-t-il confiné et à l’écart de l’innovation ? Les prochaines étapes de Google pourraient soit redéfinir l’industrie soit figer sa place plateforme mobile géante, mais incapable de s’adapter.
Source : « ZDNet.com »