L’OTAN prend très au sérieux le sabotage des câbles sous-marins de télécommunications. Pour lutter contre les attaques, l’alliance politique et militaire prévoit de déployer une flotte de drones maritimes. Attendus avant juin prochain, ces drones vont venir surveiller et sécuriser les infrastructures critiques en mer Baltique et Méditerranée.
Le mois dernier, deux câbles sous-marins de fibre optique ont été sectionnés dans la mer Baltique. Bien vite, l’enquête a démontré qu’il s’agissait d’une opération de sabotage. Ce n’était pas la première fois que des saboteurs s’en prennent aux câbles qui jonchent les fonds marins, et qui sont indispensables aux systèmes de télécommunications mondiales. L’an dernier, un câble au fond de la mer Baltique avait déjà été rompu, perturbant les communications entre la Suède et l’Estonie.
Pour endiguer les opérations de sabotage, l’OTAN a décidé de prendre les choses en main. Comme le rapportent nos confrères de DefenseNews, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord prévoit déployer une « flotte de drones de surveillance navale » pour surveiller les infrastructures sous-marines critiques à travers la mer Baltique et la mer Méditerranée. Concrètement, des bateaux sans pilote vont sillonner les mers pour dissuader les tentatives de sabotage.
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Des caméras de surveillance en pleine mer
Interrogé par le média, Pierre Vandier, commandant suprême allié pour la transformation de l’OTAN, estime que cette initiative peut être comparée à l’installation de caméras de vidéosurveillance dans les lieux publics. Le projet est encore à ses débuts. Selon le militaire, ses équipes sont à la genèse de la création d’une flotte de drones maritimes militaires (Unmanned Surface Vehicle, abrévié en USV) qui permettra à l’OTAN de « voir et surveiller quotidiennement son environnement ».
Dans un premier temps, les drones se contenteront de patrouiller à la surface de l’eau. À terme, l’OTAN espère pouvoir déployer des drones sous-marins qui viendront surveiller de plus près l’infrastructure réseau déposée sur le fond marin. Les drones capables de naviguer sous l’eau doivent essentiellement venir répondre aux « petits sous-marins » autonomes de la Russie. Ceux-ci sont taillés pour localiser « tous nos câbles et nos pipelines énergétiques », alertait James Appathurai, secrétaire général adjoint pour l’innovation, les menaces hybrides et les cybermenaces de l’OTAN le mois dernier :
« Les Russes mettent en œuvre un programme depuis des décennies. Il s’agit du programme russe de recherche sous-marine, qui désigne en réalité une structure paramilitaire, très bien financée. […] Ils ont des véhicules sans pilote, sans équipage et télécommandés, ils ont des plongeurs et des explosifs ».
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Un projet inspiré de la marine américaine
Le commandant précise que le projet d’une flotte de drones maritimes de surveillance n’a rien d’inédit. En fait, l’initiative repose essentiellement sur les réussites de la Task Force 59 (TF-59) est une unité spéciale de l’US Navy. Créée en 2021, elle est chargée d’intégrer des technologies de pointe, notamment des drones et des systèmes autonomes, dans les opérations navales au Moyen-Orient. Cette unité s’est longuement servie de drones maritimes aux côtés de leurs navires. Récemment, ils ont même testé plus de 20 systèmes autonomes différents.
« En réalité, cela existe déjà, donc d’une certaine manière, le risque est limité. Les États-Unis ont déployé la Task Force 59 dans le Golfe depuis des années, ce qui rend ses méthodes et outils bien connus et éprouvés. L’enjeu réside davantage dans l’adoption de ces pratiques que dans le développement technologique en lui-même », explique Pierre Vandier.
Le projet a reçu énormément de soutien, affirme le commandant Vandier, y compris de la part du commandement central de toutes les forces maritimes de l’OTAN. Si tout se déroule comme prévu, la flotte devrait être déployée avant le prochain sommet de l’OTAN, qui se tiendra les 24 et 25 juin 2025 à La Haye, aux Pays-Bas.
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Source :
DefenseNews