L’organisation non gouvernementale None of Your Business (NOYB) a annoncé avoir porté plainte contre BeReal, selon un communiqué publié mardi 10 décembre, au nom d’une utilisatrice dont le nom n’a pas été dévoilé. L’association de défense de la vie privée numérique, qui a déposé sa requête auprès de la la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), le gendarme français des données personnelles, reproche au réseau social d’enfreindre le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Selon NOYB, la plateforme française force la main de ses utilisateurs lorsqu’elle leur demande d’accepter ou non que soient utilisées leur données de personnelles à des fins de ciblage publicitaire.
« Quelque part en juillet 2024, BeReal a commencé à inviter les utilisateurs, [par] une bannière de consentement, à permettre à BeReal de suivre leurs activités pour leur offrir des expériences personnalisées », retrace la plainte, publiée en ligne. Mais « si les utilisateurs font un choix autre que celui d’autoriser tous les traitements, ils sont invités à interagir avec une bannière de consentement tous les jours », poursuit le texte. Cette « interface trompeuse », avec un message qui réapparaît en permanence, vise à éprouver la patience des usagers afin qu’ils finissent « par céder », estime NOYB.
L’association de l’activiste autrichien Max Schrems appuie notamment son argumentaire sur le fait qu’un tel consentement ne peut être considéré comme « librement donné », comme le prévoit pourtant le RGPD. Elle mentionne, par ailleurs, une délibération de la CNIL, datant de 2020, dans laquelle celle-ci soutient que le consentement des utilisateurs ne peut être sollicité « à nouveau pendant un certain laps de temps ».
BeReal est une application française fondée en 2020 par Alexis Barreyat et Kévin Perreau. Présentée comme une réponse aux clichés léchés mais peu naturels de plateformes comme Instagram, elle encourage ses utilisateurs à se connecter tous les jours pour poster une photo spontanée au moment où l’application leur demande. Elle a depuis rencontré un certain succès : en avril, elle comptait quelque 23 millions d’utilisateurs quotidiens, d’après les chiffres cités dans la plainte. Certaines de ses fonctionnalités, comme celle visant à utiliser simultanément les caméras situées de part et d’autre du téléphone, ont depuis été copiées par ses concurrents. Contactés, BeReal et la CNIL n’avaient pas répondu au moment de la publication de cet article.