Là où de plus en plus d’acteurs de la banque et de l’assurance choisissent de partir sur le cloud public, le groupe BNP Paribas fait lui le choix de l’on-premise, mais sans renoncer aux atouts fournis par les systèmes cloud.
En 2019, la banque signait un accord avec IBM visant à intégrer la solution IBM Cloud et à l’héberger dans ses propres data centers.
Avec Oracle, le groupe BNP Paribas poursuit cette stratégie d’hybridation. Lors d’une conférence de presse le 8 janvier, le DSI Bernard Gavgani officialisait la migration vers Oracle Exadata Cloud@Customer.
Une consolidation Data effective d’ici fin 2026
Au fil des années, l’entreprise a déployé de nombreux applicatifs et embarqué des bases de données supplémentaires (de différents fournisseurs). BNP Paribas est ainsi un client historique d’Oracle, hébergeant environ 10.000 SGBDR de l’éditeur.
De 80 à 90% des bases de données utilisées au sein du SI du groupe sont estampillées Oracle. BNP Paribas souhaite désormais, et d’ici à fin 2026, consolider ces bases dispersées et hétérogènes dans un même système Exadata – en mode cloud interne, mais managé.
“La banque pourra allier les avantages d’une infrastructure cloud tout en maintenant ces bases de données on-premise”, souligne l’acteur français de la finance, qui table sur un retour sur investissement (financier, mais surtout opérationnel) d’ici deux ans.
Oracle ne chasse pas IBM et les autres SGBD
Bernard Gavgani insiste, ce choix ne remet pas en cause le partenariat avec IBM et le cloud commun où sont conservés les applicatifs cœurs. De même, les autres technologies de bases de données présentes dans le système d’information sont conservées. Mais c’est bien Oracle qui est conforté.
Des alternatives technologiques, comme des bases Postgres, étaient envisageables. Mais ce choix a été écarté en raison de coûts et de la durée de transformation, jugés trop conséquents. “Migrer des bases, ce n’est pas ce qui apporte de la valeur du point de vue du métier”, déclare le DSI.
Or, le groupe affiche sa volonté d’accélérer la digitalisation, en particulier au travers du déploiement de l’intelligence artificielle – domaine dans lequel BNP Paribas totalise déjà 700 cas d’usage en production. Et pour le DSI, la feuille de route d’Oracle contribuera à cette accélération visée.
Un projet pour « se projeter dans le futur »
Le patron des SI du groupe met notamment en avant les fonctions d’auto-gestion embarquées par la technologie Oracle, l’intégration du chiffrement (dont BNP conserve les clés), la centralisation de la gestion des accès ou les capacités en matière de scalabilité.
Pour Bernard Gavgani, la migration vers Exadata CC s’inscrit dans le prolongement de la stratégie de cloud souverain du groupe et de maîtrise des données (consolidées donc en un point unique). Le DSI voit aussi dans ce projet un moyen “de se projeter dans le futur” face à la croissance des usages de l’IA et des volumes de données.
La modernisation des environnements de bases de données signifie en parallèle une transformation du métier de DBA au sein du groupe BNP Paribas. “Nous avons besoin de DBA experts des grosses bases de données. Et nous allons les former pour cela”, déclare le DSI, écartant toute suppression de postes.
Le métier de DBA évolue
“Comme la plupart des fonctions IT, le DBA va voir son métier évoluer. Le besoin de DBA demeure, mais en faveur de smart DBA ou DBA augmentés”, poursuit-il. Cette mutation doit notamment permettre de faire une place croissante à l’IA au service de l’IT et des opérations informatiques.
“L’IA pour l’IT présente un potentiel extraordinaire, tout comme pour la cyber, la fraude ou la lutte contre le blanchiment”, juge Bernard Gavgani.
Le DSI a d’ailleurs initié une réorganisation en juin dernier pour créer une équipe dédiée à l’IA, y compris au niveau de l’infrastructure pour piloter le déploiement de GPU et ressources de calcul pour l’IA.