Le président américain sortant Joe Biden a jugé, vendredi 10 janvier, « honteux » l’arrêt des activités de fact-checking de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) aux Etats-Unis. Le patron de la société, Mark Zuckerberg, a lui déploré la « brutalité » passée du président démocrate à son égard.
Le démocrate de 82 ans a jugé « vraiment honteuse » cette volte-face du géant de la tech. « La vérité compte », a déclaré le président lors d’un échange avec des journalistes à la Maison Blanche. « C’est totalement contraire à tout ce qui constitue l’Amérique. Nous voulons dire la vérité », a encore insisté Joe Biden. Un peu avant, sa porte-parole avait décliné tout commentaire.
La sortie du président américain rappelle que son administration a souvent adopté un ton sévère en ce qui concerne la responsabilité des réseaux sociaux dans la propagation des fausses informations et des discours de haine. Le démocrate lui-même avait par exemple lâché en juillet 2021 que les plateformes telles que Facebook « tuaient des gens », en référence à la circulation d’informations mensongères sur les vaccins contre le Covid-19.
Les propos sont restés en travers de la gorge de Mark Zuckerberg, qui a de son côté à nouveau accusé les équipes de Joe Biden de censure, dans la dernière émission du podcast de Joe Rogan, publiée vendredi.
Mark Zuckerberg accuse la Maison Blanche de « censure »
Il a raconté qu’au début de la pandémie, il faisait confiance à l’administration et aux autorités sanitaires, mais qu’il était ensuite devenu « difficile de suivre » quand le gouvernement démocrate mettait en place son programme de vaccination. « Ils ont aussi essayé de censurer tous ceux qui s’y opposaient, et ils nous ont poussés à supprimer des choses qui étaient honnêtement vraies (…) et des vidéos humoristiques », a-t-il affirmé à l’animateur conservateur et ultra populaire. « Des personnes du gouvernement de Biden appelaient nos équipes et leur criaient dessus », a raconté le fondateur de Facebook, qui multiplie les avances à Donald Trump depuis son élection.
Mark Zuckerberg a ajouté que les propos du président démocrate, affirmant que les réseaux sociaux « tuaient des gens », avaient représenté un tournant pour lui. « Toutes ces différentes agences et branches du gouvernement ont commencé à enquêter, à s’en prendre à notre entreprise, c’était brutal, vraiment brutal », s’est-il plaint.
Certains gouvernements ou organisations internationales ont réagi avec inquiétude à la décision de Meta sur le fact-checking. Réguler les contenus haineux en ligne « n’est pas de la censure », a affirmé vendredi le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk.
Le Brésil a sommé vendredi Meta d’expliquer sous 72 heures les conséquences dans le plus grand pays d’Amérique latine de son revirement sur le fact-checking, exigeant que soient protégés les « droits fondamentaux » des citoyens sur les plateformes.
L’Agence France-Presse participe dans plus de 26 langues à un programme de fact-checking développé par Facebook, qui rémunère plus de 80 médias à travers le monde, y compris au Brésil, pour utiliser leurs « fact-checks » sur sa plateforme, sur WhatsApp et sur Instagram.