La crise guette, et les GAFAM en sont bien conscients. Résultat : ils limitent leurs embauches, voire procèdent à des licenciements. Le tout dans une ambiance parfois délétère…
C’est un e-mail qui n’est sans doute pas passé inaperçu parmi les salariés de Google. Signé du grand patron Sundar Pichai, il fait part aux équipes du géant américain d’une certaine inquiétude pour les mois à venir. Et malgré les rondeurs qui caractérisent ce genre de communication interne, montre que l’époque n’est pas à la fête.
« Les perspectives économiques mondiales incertaines ont été au centre de nos préoccupations. Comme toutes les entreprises, nous ne sommes pas à l’abri des vents contraires économiques » explique-t-il en introduction. Avant d’annoncer une décision rare : Google va limiter ses recrutements pour le reste de l’année et pour 2023, après avoir embauché -tout de même- pas moins de dix mille personnes au trimestre précédent.
« Nous allons ralentir le rythme d’embauche pour le reste de l’année, tout en continuant de soutenir nos opportunités les plus importantes. Pour le reste de 2022 et 2023, nous concentrerons notre recrutement sur l’ingénierie, les postes techniques et autres rôles critiques » écrit Pichai.
La fin du message est plus directe : elle intime tous les Googlers à faire évoluer leur attitude face à cette nouvelle ère d’incertitudes : « Pour aller de l’avant, nous devons être plus entreprenants, travailler dans une plus grande urgence, avec une plus grande concentration et avec plus d’envie que ce que nous avons montré durant des jours plus cléments ». Il précise même vouloir « consolider là ou les investissements se chevauchent et rationaliser les processus » voire « suspendre des développements et redéployer des ressources vers des domaines plus prioritaires ». Ambiance…
Il y a donc fort à parier que l’on verra, dans les mois qui viennent, certains projets secondaires de Google mis de côté ou fusionnés avec d’autres.
La firme de Mountain View est loin d’être la seule à prendre des mesures face à la crise qui guette. Il faut dire que le secteur de la tech, qui a énormément profité depuis deux ans de la pandémie de Covid-19, subit aujourd’hui son reflux, ainsi que d’autres facteurs économiques contraignants : hausse des taux d’intérêt, inflation, guerre en Ukraine… Des problèmes qui ont beaucoup influé sur la bourse : tous les GAFA ont vu le cours de leur action chuter depuis le début de l’année.
Meta fait la « chasse » aux employés les moins efficaces
C’est aussi, par exemple, le cas de Meta, une entreprise elle aussi dans une posture délicate, alors qu’elle a choisi l’année dernière de parier sur le métavers, très loin d’être une réalité. Et qui a vu récemment, pour la première fois, le nombre d’utilisateurs de Facebook refluer. Début juillet, Reuters rapportait que l’entreprise avait décidé de diminuer de 30 % ses embauches d’ingénieurs pour cette année.
Mark Zuckerberg lui-même, à l’occasion d’une traditionnelle session de questions-réponses avec ses employés, avait aussi avoué faire la « chasse » aux employés les moins efficaces en « fixant des objectifs plus ambitieux ».
« Il y a probablement beaucoup de gens dans l’entreprise qui ne devraient pas être ici » a-t-il notamment déclaré selon l’agence de presse, avant d’ajouter : « mon espoir, en augmentant les attentes et en ayant des objectifs plus agressifs, en faisant monter la pression, c’est que je pense que certains d’entre vous pourraient décider que cet endroit n’est pas fait pour vous ». Sympa !
Google et Meta ne sont pas des exemples isolés. Depuis quelques semaines, les annonces de licenciements ou de coups de freins sur les embauches se multiplient dans les entreprises du numérique. Microsoft vient d’annoncer congédier 1 % de sa masse salariale, ce qui représente tout de même 1800 personnes. Un « alignement stratégique » selon la firme, à quelques jours de la présentation de ses résultats trimestriels.
Twitter, dans la panade après le rachat manqué par Elon Musk, a licencié 30 % de son équipe de recrutement, dans le cadre d’un gel des embauches. Elon Musk qui a également ordonné une pause similaire voici un mois chez Tesla… Tout en faisant planer la menace d’une coupe nette de 10 % des effectifs dans un mail interne, à cause d’un « très mauvais pressentiment » à propos de l’économie.
On pourrait multiplier les exemples : Nvidia, Spotify, Intel, Netflix… Tous ont annoncé un gel des embauches ou des licenciements. Un vent mauvais souffle sur les entreprises tech, et leurs salariés vont clairement en faire les frais.
Source :
Mail de Sundar Pichai, The Verge