ReportagePlutôt que de défiler dans les allées de Japan Expo, des passionnés de cosplay mettent à disposition savoir-faire et matériel afin de réparer les costumes de leurs pairs.
10 h 24. Alors qu’en ce jeudi 14 juillet, au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), le salon Japan Expo a ouvert ses portes depuis 30 minutes à peine, un premier visiteur accidenté se présente au « cospital » avec une paire de cornes endommagées. Un peu de scotch toilé suffira pour consolider les appendices du patient, fabriqués à partir d’aluminium et de plâtre.
Dans ces urgences d’un autre genre, contraction des mots cosplay [pratique consistant à se costumer pour incarner un personnage de fiction] et hôpital, pas de foulure ni de bras cassés mais des déchirures et des bas filés. On y assiste à la réparation à la colle d’accessoires brisés ou à la couture express de fermeture éclair arrachée. Le stand est situé au cœur du « village cosplay », non loin des scènes où se déroulent les concours et des décors destinés à mettre en valeur les fameux costumes qui ont parfois nécessité des centaines d’heures de travail, du patronage à la conception.
Quatre jours durant, armés de cutters, de fils à coudre colorés ou de pots de peinture, des bénévoles se relaient pour aider au mieux ceux qui n’ont pas sous la main le nécessaire pour rafistoler la tenue de leur héros préféré. Sur les t-shirts noirs de ces bricoleurs urgentistes est inscrit Love Craft, nom de l’association à l’origine de l’initiative, qui réunit une trentaine de passionnés originaires de Lille, de la région parisienne et du Grand Est.
Petits bobos et « médecine de guerre »
11 h 42. Dans sa robe de satin bleu empruntée à Praline, personnage du jeu vidéo Bravely Default, Joffrey s’amarre à la table du stand en boitant. Et pour cause, la semelle plateforme de sa botte gauche s’est totalement décollée. « Un accident de transport. Je me suis tordu la cheville en entrant dans le bus pour venir et crac, la semelle de 15 cm s’est détachée », raconte cet habitant de l’Essonne de 26 ans.
« Un accident de transport : je me suis tordu la cheville en entrant dans le bus pour venir et crac, la semelle de 15 cm s’est détachée. » Joffrey, 26 ans
La cheville, elle, est restée solide, comme le moral : « J’en ai connu des galères en six ans de cosplay. » Il énumère les bas déchirés, les petits accessoires qui s’accrochent en marchant dans la foule. « C’est toujours difficile de garder son costume intact », explique cet amateur de cosplay féminin, étrennant sa tenue du jour faite sur mesure, « 800 euros et deux mois de travail ».
Fabrice, dit Dounice, Lillois membre fondateur de l’association Love Craft, fait volontiers la conversation tandis qu’il applique généreusement sur la botte de Joffrey de la colle chauffée par un pistolet.
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