Dans un contexte de refroidissement sur les valeurs technologiques, le baromètre EY, publié dimanche 17 juillet, du capital-risque en France ne laisse de surprendre. Avec 8,4 milliards d’euros levés en France à travers 362 opérations au premier semestre, c’est déjà 63 % de mieux que lors des six premiers mois de 2021.
Une croissance certes ralentie par rapport à la même période en 2021 (+ 90 % par rapport à 2020), mais qui n’en fait pas moins un semestre record pour le secteur des nouvelles technologies françaises, qui avait fini 2021 avec un montant de 11,57 milliards de fonds levés. Vu le niveau à mi-chemin, Franck Sebag, associé du cabinet, ne doute pas que ce palier inédit puisse être de nouveau franchi.
Quelques grosses opérations ont permis ce démarrage en fanfare en 2022 : Qonto (services financiers) a levé 486 millions d’euros en juillet, EcoVadis (évaluation des performances de la responsabilité sociétale des entreprises), 478 millions d’euros en juin, Back Market (reconditionnement des appareils électroniques), 450 millions d’euros en janvier, et Exotec (robotique), 305 millions d’euros en janvier également.
La concurrence entre les fonds devrait ralentir
En outre, le nombre de tours de table supérieurs à 100 millions d’euros en France n’a jamais été aussi élevé sur la période, tandis que les levées de fonds entre 50 millions et 100 millions d’euros accusent le coup, tant en volume (− 77 %) qu’en montant (− 58 %). Et même si le deuxième trimestre reste en deçà du premier (3,7 milliards, contre 4,7 milliards), il reste supérieur à la même période de 2021.
A l’échelle européenne, la France continue à grappiller du terrain sur le Royaume-Uni (+ 12 %, seulement à 18,4 milliards d’euros sur le premier semestre) et à distancer l’Allemagne (− 20 %, à 6,3 milliards d’euros), beaucoup plus affectée par le contexte géopolitique marqué par la guerre en Ukraine.
Pour autant, Franck Sebag admet que la concurrence entre les fonds – avec la présence de nombreux acteurs étrangers, très présents il y a quelques mois encore – pourrait ralentir, dans un contexte financier plus compliqué, et aboutir à un réajustement des valorisations des sociétés non cotées. « Ça va assainir le marché », estime-t-il, en ajoutant que cette correction ne devrait pas peser sur les ambitions des investisseurs privés.