L’IA, menace réelle ou fantasmée pour les artistes ?

L’IA, menace réelle ou fantasmée pour les artistes ?


Alors que le Grand Palais, à Paris, vient d’accueillir le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA), où se sont réunis des directeurs d’entreprise, des chefs d’Etat et des organisations non gouvernementales du monde entier, la machine n’en finit pas de nous interroger. Si certains s’enthousiasment, d’autres sont effrayés : finira-t-elle par remplacer l’humain ? Le fantasme a la vie dure. « La science-fiction a imaginé des machines dystopiques qui hantent aujourd’hui nos imaginaires, souligne l’artiste plasticien et chercheur français Hugo Caselles-Dupré. La peur du remplacement existe dans plusieurs domaines, mais elle est particulièrement démoralisante dans le monde de l’art, qui est la marque de notre humanité. »

De fait, le thème du « robot écrivain » est très présent dans la littérature. Dans La Grande Grammatisatrice automatique (1953), l’écrivain britannique Roald Dahl conte ainsi l’histoire d’un ingénieur de génie qui construit une gigantesque machine à écrire capable de produire des nouvelles de 5 000 mots en quinze secondes et des romans plus étoffés en quinze minutes – l’opérateur active des poignées et des pédales pour moduler l’humour ou le pathos du texte. Les ouvrages sont vendus deux fois moins cher que ceux des humains et leur succès est tel qu’ils en viennent à saturer le marché de l’édition. La chute de l’histoire est inquiétante : de plus en plus d’écrivains abdiquent et laissent l’appareil écrire à leur place, sous leur nom, réduisant à néant la créativité littéraire de l’homme.

De la fiction au réel, il n’y a qu’un pas – et il est franchi dans plusieurs disciplines artistiques au cours des années 1950. A partir de 1954, le sculpteur, peintre et dessinateur suisse Jean Tinguely utilise d’étranges machines à dessiner qu’il baptise les Méta-Matics. Apparaissent, à la même époque, les premiers morceaux de musique élaborés par des algorithmes, puis, une décennie plus tard, le premier logiciel de génération de textes, nommé Eliza. Mais, quel que soit le domaine, les capacités démiurgiques des machines restent cependant limitées jusqu’aux années 2010.

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