Le réseau de fibre optique ne fonctionne pas aussi bien qu’on pourrait l’attendre d’une infrastructure aussi récente. La présidente de l’Arcep, Laure de la Raudière, veut mettre fin à ce paradoxe.
« Il ne se passe pas une semaine sans que je reçoive un courrier d’élu se plaignant d’un dysfonctionnement du réseau fibre », a-t-elle témoigné lors du colloque de l’AVICCA (Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l’Audiovisuel) ce vendredi 26 novembre.
Elle cite pêle-mêle les clients brusquement déconnectés, les plats de nouille des armoires de rues, ces mêmes équipements vandalisés et dont la porte est parfois refermée d’un simple Scotch.
Et pourtant, l’Arcep avait déjà tenté de résoudre le problème en encadrant de nouveaux contrats de sous-traitance et en incitant à la systématisation d’un compte-rendu photo pour chaque intervention. Mais certains opérateurs tardent à s’y mettre.
SFR dans le viseur
En désespoir de cause, Laure de la Raudière montre vraiment les dents pour la première fois de son mandat. Elle a même décidé de brandir son fameux bâton de gendarme contre la filiale de SFR*, XpFibre, l’opérateur d’infrastructure chargé de déployer la fibre hors des zones très denses. « Nous lançons une procédure d’enquête administrative sur ses pratiques », a-t-elle annoncé. Suivant les éléments qui seront recueillis et après avoir entendu le principale intéressé, des sanctions pourraient être prises.
XpFibre a fait l’objet plus que les autres de signalements par des opérateurs commerciaux, des collectivités locales ou des usagers. Il y aurait des cas de pannes qui « pourraient résulter du débranchement des lignes à l’occasion du raccordement d’un nouvel abonné ».
Mais aussi « des défauts importants dans la qualité de la réalisation des opérations de raccordement » susceptibles d’entraîner jusqu’à des coupures de service, comme on peut le lire dans la décision mise en ligne sur le site de l’Arcep.
Invité à intervenir lors d’une table-ronde ce même jour, le président de XpFibre, Lionel Recorbet, a d’abord salué les efforts de l’Arcep pour se saisir du problème de la qualité de service de la fibre. Et s’est contenté de commenter à demi-mots l’enquête, déclarant qu’« il était malheureux de s’en prendre à un acteur qui investit aussi massivement ».
Un sondage sur le terrain
Plus globalement, un sondage sera réalisé sur le terrain au premier semestre 2022 avec l’inspection de plus de 700 armoires de raccordements partagées par les opérateurs. De quoi avoir une idée des différentes situations dans les villes moyennes et zones rurales.
Mais surtout, un plan d’action est lancé en complément. « Il faut de nouveaux outils pour mieux contrôler la qualité d’intervention et des outils de notification en temps réel », a ainsi cité Laure de la Raudière en exemple. Elle appelle de ses voeux une analyse automatique des comptes-rendus photo qui pourrait se faire grâce à de l’intelligence artificielle.
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Limiter la cascade de sous-traitants
« Nous voulons aussi limiter le nombre de rangs entre l’opérateur et les sous-traitants, renforcer la formation des équipes et mettre en place un certificat professionnel », a-t-elle déclaré.
Enfin, elle veillera à ce que les infrastructures dégradées soient remises systématiquement en conformité.
Malgré ce sombre tableau, la France peut s’enorgueillir d’être la championne d’Europe de la fibre optique avec 60% des foyers raccordables et un rythme de déploiement qui bat tous les records.
« En un an ce sont 6,2 millions de nouveaux locaux qui auront été raccordés. C’est massif et les problèmes rencontrés sont bien ceux d’une crise de croissance », diagnostique Laure de la Raudière.
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