Les trois géants du numérique ont publié leurs résultats trimestriels qui montrent un retour en force de la publicité en ligne.
La transition numérique accélérée par la pandémie continue de profiter aux géants des technologies, comme Google, Microsoft et Twitter, qui ont publié mardi des résultats trimestriels conformes ou supérieurs aux attentes des investisseurs.
Alphabet, la maison-mère de Google, a vu son chiffre d’affaires bondir de 41% au troisième trimestre, à 65 milliards de dollars, le géant d’Internet dégageant 18,9 milliards de bénéfice net, bien au-delà des prévisions du marché.
Le numéro un mondial de la publicité en ligne, qui est sous le coup de nombreuses enquêtes et poursuites pour des soupçons de pratiques anticoncurrentielles, continue de récolter des recettes astronomiques.
De juillet à septembre, YouTube a ainsi vendu pour 7,2 milliards de dollars d’espaces publicitaires finement ciblés en fonction des contenus et des utilisateurs, contre 5 milliards à la même période l’an passé.
Sundar Pichai, le patron du groupe californien, s’est d’ailleurs félicité que son service de vidéos ait récemment dépassé les 50 millions d’abonnés payants aux offres premium.
« YouTube est enthousiasmant pour de nombreuses raisons », a renchéri Philipp Schindler, le directeur financier de la firme, lors de la conférence téléphonique aux analystes. « C’est incroyable de voir la masse de contenus disponibles sur autant de sujets. Et nous aidons les annonceurs à en profiter ».
Il a aussi indiqué qu’un milliard de « sessions de shopping » se produisaient chaque jour sur Google, que ce soit sur le moteur de recherche, YouTube ou un autre service de la galaxie de l’entreprise (outils de réservation de vacances, cartographie, courriels…).
L’activité de cloud a par ailleurs réalisé près de 5 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en hausse de 45% sur un an.
Résistants
Mais le moteur de Google reste la publicité. Le groupe californien détient 28,6% du marché publicitaire numérique mondial en 2021, selon le cabinet eMarketer, juste devant son voisin Facebook et ses 23,7% de parts du gâteau.
Cette domination du secteur lui vaut depuis plusieurs années de nombreuses enquêtes, amendes et poursuites pour non respect du droit de la concurrence, de Bruxelles à Washington.
Google est visé par plusieurs procédures antitrust aux Etats-Unis. De nombreux procureurs l’accusent d’exercer un « monopole illégal » sur la recherche en ligne et la publicité, et des élus américains planchent sur des lois qui pourraient transformer l’économie numérique et réduire le pouvoir de Google, Facebook, Apple et Amazon.
Mais ni les sanctions ni les menaces potentielles ne pèsent pour l’instant sur les comptes du mastodonte. Pas plus que la récente mise à jour du système d’exploitation de l’iPhone, qui a affecté Snapchat, et, dans une moindre mesure, Facebook.
La version 14.5 d’iOS donne plus de contrôle aux utilisateurs sur leurs données confidentielles et complique la tâche aux réseaux sociaux en matière de mesures d’efficacité.
« Google s’est montré résistant aux facteurs externes comme les nouveaux réglages de confidentialité d’Apple et la pénurie » de composants électroniques, a noté Paul Verna, un analyste de eMarketer.
« Nous pensons que la performance de Google signale un marché publicitaire numérique en pleine forme, qui s’est remis de la pandémie et va continuer à croître dans les années à venir ».
Impact minime du nouvel iOS
Les résultats de Twitter ont aussi confirmé cette tendance. Le groupe à l’oiseau bleu a enregistré au troisième trimestre une très lourde perte de 537 millions de dollars, liée à un accord amiable avec des actionnaires qui s’estimaient lésés, mais son chiffre d’affaires, 1,28 milliard de dollars, était conforme aux attentes.
Ses recettes publicitaires ont augmenté de 41% sur un an et la plateforme a dépassé les 210 millions d’utilisateurs quotidiens dits « monétisables ».
« Il est trop tôt pour évaluer l’impact à long terme des changements (d’iOS), mais l’effet sur notre chiffre d’affaires du troisième trimestre est inférieur à ce que nous attendions », a commenté Ned Segal, directeur financier de Twitter, lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats.
Microsoft a aussi fait plaisir à Wall Street, avec 20,5 milliards de bénéfice net de juillet à septembre, soit un bond de 48% de ses profits en un an, pour un chiffre d’affaires de 45,3 milliards (+22%).
L’informatique personnelle (Windows, ordinateurs, jeux vidéo) se porte bien, mais ce sont surtout ses services de cloud, disséminés dans toutes ses activités, qui alimentent la croissance de l’entreprise.
« Avec l’importance désormais accordée au télétravail, la transition vers le cloud entame une nouvelle phase dans le monde, qui va bénéficier de façon disproportionnée aux vétérans du cloud de Redmond », le siège de Microsoft, a commenté Dan Ives, analyste de Wedbush.