L’intelligence artificielle se met au service de la recherche d’emploi.
A quelques jours du salon VivaTech, France Travail a dressé un bilan de sa stratégie d’intelligence artificielle à destination de ses agents comme des demandeurs d’emploi.
Si l’ex Pôle emploi capitalise sur l’IA depuis 2018 et son programme « Intelligence Emploi », l’arrivée des grands modèles de langage (LLM) a donné un sérieux coup d’accélérateur.
Un ChatGPT privatif
En service depuis un an, ChatFT est un chatbot conversationnel qui aide les conseillers à rédiger des offres d’emploi et des e-mails ou à synthétiser des documents. Basé originellement sur un modèle d’OpenAI et en bascule progressive vers la solution équivalente de Mistral AI, ce « ChatGPT » privatif et sécurisé est connecté au système d’information et aux bases documentaires de France Travail.
ChatFT est utilisé par 40 000 agents, soit plus de la moitié de l’effectif. 73 % d’entre eux considèrent que l’IA a un impact positif sur leur travail. « L’IA permet de libérer du temps au conseiller pour qu’il puisse se concentrer sur sa relation avec les demandeurs d’emploi », estime Sylvain Poirier, directeur en charge de la direction IA.
Autre IA en en test dans le Centre Val de Loire et les Pays de la Loire, MatchFT est, comme son nom l’indique, un outil de « matching » qui vise à réconcilier l’offre et la demande. Après avoir présélectionné les candidats les plus pertinents pour un poste donné, il leur envoie une série de SMS pour s’assurer de leur intérêt, de leur disponibilité ou de leur mobilité. 90 % des demandeurs d’emploi répondent dans les heures qui suivent. Ce dispositif sera généralisé à toutes les agence d’ici la fin de l’année.
Décharger les conseillers du volet administratif
A VivaTech, France Travail présentera deux démonstrateurs. Neo permet aux agents d’interroger en langage naturel le système d’information de l’établissement public.
Ils peuvent ainsi obtenir la situation précise d’un demandeur d’emploi sans avoir besoin de jongler entre différents applicatifs.
ChatFT Ecoute doit améliorer la qualité d’écoute du conseiller qui pourra se concentrer sur son entretien avec le demandeur d’emploi. L’IA va capter les échanges, en faire une synthèse et automatiser la saisie des données dans le système d’information.
Acculturer les demandeurs d’emploi à l’IA
Côté demandeurs d’emploi, France Travail a mis en ligne un « calendrier de l’IA ». Sur le principe du calendrier de l’Avent, 31 modules de formation en ligne, de 5 à 30 minutes chacun, sont proposés sur un mois. Le demandeur d’emploi apprend à utiliser l’IA dans sa recherche d’emploi, et notamment à générer un CV ou une lettre de motivation.
Sur le site de France Travail, un agent conversationnel aide le demandeur d’emploi à trouver les événements (forum, salon, job dating…) qui lui convienne.
Fin juin, un autre service sera testé à destination spécifiquement des bénéficiaires du Contrat d’engagement jeune (CEJ), à savoir de jeunes décrocheurs scolaires qui suivent un accompagnement individuel et intensif. Depuis l’application mobile dédiée, ils pourront, par dictée vocale, saisir les démarches qu’il ont entreprises sur la dernière période.
Charte éthique et enjeu de souveraineté
Directeur général adjoint tech, Samir Amellal se veut rassurant. L’IA n’a pas vocation à remplacer les agents. « La finalité première est d’accompagner les demandeurs d’emploi vers le retour à l’emploi mais aussi d’alléger la charge mentale des conseillers. » Pour délimiter le cadre des usages, France Travail a rédigé une charte éthique et constitué un Comité consultatif éthique externe.
Répondant à un enjeu de souveraineté, France Travail entend renforcer son partenariat avec la licorne française Mistral AI et faire appel au cloud provider OVHcloud en lieu et place de Microsoft Azure.
En ce qui concerne cette fois l’enjeu environnemental, l’agence publique privilégie autant que possible les petits modèles d’IA, de type Mistral Small, moins énergivores.